« J’ai fait La dernière tentationduchrist pour mieux connaître Jésus »
Martin Scorsese à l’université Laval
Trente ans après avoir soulevé l’ire de l’église avec son controversé film La dernière tentation du Christ, le légendaire cinéaste Martin Scorsese a été reçu avec tous les honneurs à l’université Laval, hier après-midi, lors d’un congrès réunissant des catholiques de partout dans le monde.
Ovationné à son entrée dans le Grand salon de l’université, le réalisateur de nombreux classiques du cinéma, dont Taxi Driver, Raging Bull et Goodfellas a généreusement répondu pendant une heure aux questions de l’auteur américain Paul Elie.
L’événement, tenu dans le cadre du congrès de l’association catholique mondiale de la communication SIGNIS, a fait salle comble et attiré bien des curieux. Le cinéaste québécois Mathieu Roy, devenu un proche collaborateur de Scorsese au fil des ans, n’allait pas rater l’occasion de saluer celui qu’il qualifie de «mentor».
«Juste pour le saluer, ça valait les deux heures de route», a-t-il confié avant que Scorsese ne se pointe au salon.
PASSIONNÉ DE CINÉMA
Scorsese, qui n’a accordé aucune entrevue aux médias locaux, était invité pour parler de son plus récent film, Silence, qui détaille les persécutions que subissent des missionnaires jésuites portugais au Japon et qui a été présenté aux congressistes avant la conférence.
Le réalisateur de 74 ans a aussi parlé de sa passion pour le cinéma — «quand je ne suis pas en train de faire un film, je pense à en faire un» —, mais il est aussi revenu sur La dernière tentation du Christ, son sulfureux film sorti en 1988 dans lequel il suggère que Jésus était attiré par Marie-madeleine.
Il a rappelé ce qu’il avait répondu à l’époque aux producteurs et financiers qui se demandaient pourquoi il tenait tant à tourner ce film.
«Parce que je voulais mieux connaître Jésus», a révélé Scorsese, qui a plus tard reçu un prix hommage pour l’ensemble de sa carrière lors d’un banquet en soirée.
UN GÉNIE
Président de SIGNIS, Gustavo Andújar a convenu que Scorsese n’aurait sûrement pas été le bienvenu dans un congrès catholique à la fin des années 1980.
«Il y avait beaucoup d’opinions divergentes au sein de l’association. Personnellement, je n’avais pas vraiment aimé le film. Mais, on peut voir l’empreinte d’un génie dans tout ce qu’il fait et nous sommes reconnaissants qu’il ait accepté de venir», a dit M. Andújar.
Ce dernier ne voyait pas de problème non plus avec les nombreux films violents que renferme la filmographie de Scorsese. «Nous croyons que l’art véritable vient toujours du Saint-esprit.»
C’était la première fois que SIGNIS invitait un cinéaste dans un de ses congrès.