Le Journal de Quebec

L’ex-coach de ski coupable d’agression sur neuf athlètes

Le juge le qualifie de « véritable prédateur sexuel »

- CLAUDIA BERTHIAUME

L’ex-entraîneur Bertrand Charest est «un véritable prédateur sexuel» qui a profité de sa position d’autorité pour agresser plusieurs jeunes skieuses, a lancé un juge en le déclarant coupable de 37 accusation­s hier.

Le juge Sylvain Lépine s’est dit convaincu que le coach déchu de Mont-tremblant avait fait neuf victimes mineures dans les années 1990.

«Si [les skieuses] se sont impliquées à fond dans ce sport très demandant, c’est pour gagner des médailles, et non pas pour subir des gestes à connotatio­n sexuelle», a souligné le magistrat.

Au départ, Bertrand Charest faisait face à 57 chefs d’exploitati­on et d’agression sexuelle à l’égard de 12 skieuses, âgées de 12 à 19 ans.

Il a été arrêté en mars 2015, après qu’une victime eut décidé de briser le silence en apprenant que Charest avait recommencé à entraîner des jeunes.

Les 12 ex-athlètes ont toutes témoigné au procès de l’accusé de 52 ans, qui s’est tenu en mars au palais de justice de Saint-jérôme.

Huit d’entre elles ont tenu à entendre le verdict réservé à leur ancien coach hier, soit en personne ou par visioconfé­rence. Une ordonnance de non-publicatio­n nous interdit de les identifier.

Hier, Charest a été acquitté de 18 accusation­s concernant notamment trois skieuses, pour lesquelles la preuve n’était pas suffisante.

« PREUVE ACCABLANTE »

Pour deux autres chefs, le juge Lépine a déclaré ne pas avoir de juridictio­n puisque les gestes allégués se seraient produits en Nouvelle-zélande.

Quant aux 37 accusation­s dont Charest a été reconnu coupable, «la preuve présentée par la poursuite est accablante», a insisté le juge Sylvain Lépine, tout en écorchant le travail de la défense.

D’après lui, les contre-interrogat­oires n’ont permis d’ébranler la crédibilit­é d’aucune des victimes, servant parfois même la cause de la Couronne.

De plus, les trois témoins présentés en défense – tous liés à Charest de près ou de loin – n’avaient rien vu ni entendu concernant les agressions sexuelles.

«Ces témoignage­s viennent corroborer les plaignante­s sur un point particulie­r: le secret des relations», a indiqué le magistrat.

Quant à Bertrand Charest, il n’a pas témoigné pour sa défense. Le juge n’a pas hésité à le qualifier de «véritable prédateur tissant sa toile soigneusem­ent pour y attirer de jeunes femmes, adolescent­es, et exercer sur elles un ascendant total».

CHAREST DÉÇU

«Sa recherche du plaisir sexuel n’avait aucune limite alors qu’il était en situation d’autorité sur ces jeunes espoirs canadiens du ski de compétitio­n», a-t-il continué.

«Il ne s’attendait pas à être reconnu coupable sur ce nombre de chefs, mais il reste positif», a dit Antonio Cabral, l’avocat de Bertrand Charest.

Pour la Couronne, représenté­e par Marie-nathalie Tremblay et Caroline Lafleur, le jugement lance un message fort aux victimes. «Il est important de prendre en considérat­ion que même 20 ans plus tard, elles ont dénoncé et elles ont été crues par le tribunal», a noté Me Lafleur.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? L’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest, alors qu’il était interrogé au poste de police de Mont-tremblant, le 6 mars 2015. « SA RECHERCHE DU PLAISIR SEXUEL N’AVAIT AUCUNE LIMITE »
– Le juge Sylvain Lépine, à propos de Bertrand Charest
PHOTO D’ARCHIVES L’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest, alors qu’il était interrogé au poste de police de Mont-tremblant, le 6 mars 2015. « SA RECHERCHE DU PLAISIR SEXUEL N’AVAIT AUCUNE LIMITE » – Le juge Sylvain Lépine, à propos de Bertrand Charest

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