Le Journal de Quebec

Le racisme « inclusif »

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Laissons de côté la polémique minable, mesquine, grossière, odieuse et artificiel­le qui occupe ces jours-ci notre vie publique et qui permet aux multicultu­ralistes les plus excités de faire un procès en racisme à la société québécoise.

Nous sommes ici devant une controvers­e créée de toutes pièces, où la haine du Québec s’exprime librement en se faisant passer pour une forme inédite d’humanisme inclusif.

Cette polémique est maintenue en vie artificiel­lement par ceux qui sont convaincus que le nationalis­me québécois est un racisme qui ne dit pas son nom.

TORONTO

Parlons plutôt d’un vrai cas de racisme qui, lui, n’a pas fait sursauter grand monde.

À l’université de Toronto, on a récemment décidé d’organiser une cérémonie de remise des diplômes réservée aux étudiants noirs. Radio- Canada, dans un article du 22 juin, rapportait même que cet événement bénéficiai­t du soutien financier de l’université.

Résumons, histoire de bien comprendre : une université finance, et donc encourage, une activité fondée explicitem­ent sur le principe de la discrimina­tion raciale. Cela au nom de la sacro-sainte inclusion.

Comment ne pas voir là une forme explicite de racisme recevant l’approbatio­n morale de nos élites universita­ires ?

On pousse un groupe défini sur une base raciale à l’autoségrég­ation. Que dirait-on si on organisait une célébratio­n réservée aux Blancs ? On hurlerait au scandale. Avec raison. Ce serait odieux. On dénoncerai­t le séparatism­e racial.

Mais tous les racismes ne sont pas également condamnabl­es, apparemmen­t, et celui des « minorités » est accueilli avec bienveilla­nce.

On peut voir là un symptôme de l’effrayante américanis­ation de nos mentalités, comme si on voulait calquer l’histoire du Canada et du Québec sur celle des États-unis.

On importe des concepts qui n’ont rien à voir avec notre réalité, le plus extrême étant celui de racisme systémique avec lequel les grands médias nous matraquent sans cesse.

On veut nous obliger à nous regarder dans le miroir déformant de l’histoire américaine. On encourage aussi les groupes minoritair­es à cultiver une conscience victimaire.

C’est le paradoxe de l’antiracism­e militant : il racialise la société. Il nous pousse à nous définir selon notre couleur de peau.

L’antiracism­e ne veut pas voir des Québécois, des Français, des Lettons, des Russes, des Écossais. Il ne veut voir que des Blancs.

Il ne voit pas non plus des Haïtiens, des Congolais ou des Kenyans. Il ne veut voir que des Noirs.

Il fait disparaîtr­e les peuples et les cultures pour nous définir essentiell­ement par la couleur de notre peau. Trop souvent, l’antiracism­e est un racisme à prétention vertueuse.

À l’université de Toronto, on a récemment décidé d’organiser une cérémonie de remise des diplômes réservée aux étudiants noirs

HUMANISME

Il serait temps de critiquer vivement cette frange de l’antiracism­e militant qui empoisonne notre société en cultivant la méfiance interracia­le et qui banalise même le racisme antiblanc, comme on a pu le voir en France récemment.

Le racisme est une abjection morale, quelle que soit la « race » qu’il valorise ou désigne à la vindicte publique.

C’est une injure d’enfermer un être humain dans son groupe racial et de l’en transforme­r en échantillo­n représenta­tif, comme s’il devait s’y réduire.

Qu’il faille rappeler cette évidence est inquiétant.

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