Les faux cils montrés du doigt
Les optométristes du Québec doivent trop souvent aider des femmes avec des infections et des brûlures
Les optométristes du Québec voient de plus en plus de femmes avec des infections ou des brûlures liées aux extensions de cils, une nouvelle tendance très populaire chez les jeunes qui les inquiète.
«N’importe qui fait ça n’importe comment. Le public n’est pas protégé de façon adéquate contre les abus », dénonce le président de l’ordre des optométristes du Québec, le Dr Langis Michaud.
Il réclame des règles plus strictes, comme une formation obligatoire et des normes de qualité à respecter pour les produits.
Actuellement, sur internet, que ce soit sur Facebook ou Kijiji, les annonces de personnes prêtes à poser de faux cils de la maison pour seulement 40 $ sont monnaie courante.
Les salons d’esthétique, quant à eux, demandent souvent plus de 100 $ pour le même service.
Au bureau du Dr Langis Michaud, pas un mois ne s’écoule sans qu’au moins une femme ne débarque, les yeux rougis et infectés à la suite d’une pose de faux cils bâclée.
ÉVITER LE PIRE
Il ne compte également plus les gouttes de cortisone et d’antibiotique qu’il a dû prescrire pour éviter rapidement le pire aux patientes qui lui sont adressées par les urgences. «Si l’infection vient à toucher la cornée et l’intérieur de l’oeil, ça peut mener à des situations beaucoup plus complexes», met en garde le Dr Michaud.
Les colles utilisées pour poser de faux cils peuvent causer des brûlures douloureuses si elles sont de mauvaise qualité ou si elles entrent en contact avec l’oeil.
Les réactions allergiques sont aussi fréquentes, tout comme les infections liées à une mauvaise hygiène des cils. «Les bactéries raffolent du mascara», poursuit-il.
COMME LE BRONZAGE
L’ordre des optométristes du Québec déplore l’absence complète de contrôle autour de la pose d’extensions de cils.
«C’était la même chose à l’époque pour les salons de bronzage, puis on les a interdits aux mineurs, soutient le Dr Michaud. Il faut s’assurer de la qualité. Il existe du maquillage hypoallergène, c’est sûrement aussi possible pour les faux cils.»
Pour sa part, Santé Canada dénombre 18 rapports d’incidents ces six dernières années relatifs aux extensions de cils.
Il s’agit d’incidents pour des blessures, des défauts de produit et des plaintes commerciales.
Toutefois, l’agence fédérale souligne que les incidents sont rapportés sur une base volontaire seulement et que les cas peuvent donc être beaucoup plus nombreux que ceux portés à son attention.