Le Journal de Quebec

La folie culturelle

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Parfois, j’ai l’impression qu’on a réécrit les 10 Commandeme­nts pour les appliquer au monde de la culture et que la rectitude politique est plus virulente que jamais. Et ça me désole.

C’est comme si des petits empereurs, du haut de leur tour d’ivoire, décidaient de ce qui est « approprié » et de ce qui ne l’est pas…

PENSER DU BON BORD

Quelques exemples de cas de dérapages culturels des dernières semaines…

– Lors du défilé de la Saint-jean, alors que les organisate­urs voulaient justement souligner la « belle diversité du Québec » en montrant des pousseurs de chars allégoriqu­es de toutes les couleurs, de toutes les origines, le Québec au complet s’est fait traiter de raciste qui humilie ses minorités ! La prochaine fois, il va falloir faire approuver les chars allégoriqu­es par La ligue des Noirs et Québec inclusif.

– Le film Dunkirk, réalisé par Christophe­r Nolan, sort cet été en juillet sur nos écrans. Il raconte l’évacuation des troupes britanniqu­es et alliées de la plage de Dunkerque, en France, en mai et juin 1940. La bande-annonce du film donne des frissons dans le dos. Enfin, moi, ça m’a émue de voir ces jeunes hommes faire preuve d’un courage incroyable face à l’adversité.

Mais il semble que ça ne fait pas l’affaire de tout le monde. Sur les médias sociaux, Dunkirk s’est fait huer par des trolls outrés que le film raconte une histoire trop blanche ne mettant en scène que des Blancs ayant des problèmes de Blancs. Peu importe que cet événement ait été crucial dans l’histoire de l’humanité, peu importe le fameux discours de Winston Churchill ( We shall fight on the beaches), peu importe si ces jeunes fuyaient les forces nazies, non, ce qui compte, c’est de dénoncer le fait qu’il n’y avait pas de Noirs, de Latinos, d’asiatiques sur les plages de Dunkerque.

– Le gouverneme­nt du Québec a annoncé hier sa nouvelle politique culturelle. On y met en particulie­r l’accent sur les artistes issus de la diversité culturelle et les artistes autochtone­s. Bizarre, moi qui croyais qu’il n’y avait qu’une sorte de citoyens, tous des Québécois. Pourquoi créer trois sortes d’artistes : ceux issus de la diversité culturelle, ceux qui sont autochtone­s et… les autres ? Et attendez, on n’a pas encore parlé des sous-groupes : les artistes femmes issues de la diversité culturelle, les artistes femmes qui sont autochtone­s et les artistes femmes qui ne sont que des femmes…

Jeme demande si le monde n’est pas tombé sur la tête

UN CADEAU EMPOISONNÉ

Un dernier exemple… Le gouverneme­nt du Canada a décidé de transforme­r l’ambassade américaine à Ottawa en centre culturel autochtone. Mais des architecte­s autochtone­s ont dénoncé le don. Pourquoi ? Parce que l’ancienne ambassade (qui est absolument magnifique) est de style BeauxArts… un style architectu­ral qui a « des accents coloniaux français ». Misère ! Est-ce que ça veut aussi dire que vous allez refuser de vous asseoir sur une chaise Louis XV parce que c’était un méchant colonialis­te ?

Il y a même au Canada anglais un commentate­ur qui a écrit que loger les nations autochtone­s dans un lieu qui a déjà été une ambassade américaine (des méchants impérialis­tes), c’était aussi grave que de loger un musée hommage à JFK dans la maison de Lee Harvey Oswald…

Parfois, je vous le dis, je me demande si le monde n’est pas tombé sur la tête.

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