Le Journal de Quebec

Un acupuncteu­r tentait de recruter des adeptes

Un membre de la Mission de l’esprit-saint coupable

- ÉRIC YVAN LEMAY

Un acupuncteu­r membre de la Mission de l’esprit-saint vient d’être reconnu coupable par son ordre profession­nel d’avoir utilisé son travail pour tenter de recruter de nouveaux adeptes.

La décision a été rendue il y a deux semaines, soit plus de sept ans après le dépôt de 10 chefs d’infraction de nature disciplina­ire. Emmanuel Francoeur a été reconnu coupable à neuf de ces chefs. « L’intimé semble être incapable de mettre une distance et de faire une distinctio­n entre ses valeurs familiales, soit celles propagées par la Mission, et sa profession », peut-on lire dans la décision de 19 pages.

« L’ESPRIT-SAINT »

L’homme a toujours réfuté les accusation­s qui lui étaient reprochées et a multiplié les recours, notamment en arrêt des procédures. La cause s’est étendue sur une si longue période que le président du conseil de discipline qui a entendu les témoins en 2010 et 2011 est décédé. Il a fallu reprendre une partie du travail avec de nouveaux membres.

Une première enquête avait débuté à la suite de reportages du Journal en 1996 selon lesquels l’homme profitait de son poste d’enseignant en acupunctur­e au Collège de Rosemont pour recruter des étudiants pour son « église ».

Quelques années plus tard, en 2006, c’était au tour de LCN de révéler des problémati­ques à la Mission de l’esprit-saint.

À ce moment, le syndic de l’ordre des acupuncteu­rs du Québec avait convoqué une ancienne adepte du groupe. Il avait par la suite envoyé une enquêtrice qui s’est fait passer pour une cliente à la clinique de M. Francoeur, située à même les locaux du groupe à Saint-paul, près de Joliette.

Lors des premiers rendez-vous, rien d’anormal n’a été noté. Puis, à partir de la 10e rencontre, il commence à parler de ses conviction­s et de celles de la Mission. Deux mois plus tard, il lui parle du Maître Richer dit La Flèche qui inspire tous les membres du groupe.

« Il lui explique que le monde serait maintenant dans l’ère de l’esprit-saint, après avoir passé l’ère de Dieu et celle de Jésus », peut-on lire dans la décision.

Une ex-membre de la Mission a aussi expliqué au conseil de discipline qu’elle l’avait connu dans le cadre de ses cours au Collège Rosemont. Elle joindra le groupe à Joliette en 1994.

Dans le cadre de ses échanges avec Francoeur, il fera notamment la promotion de la non-vaccinatio­n, un des concepts de la Mission.

UNE VENGEANCE ?

Le conseil a jugé la femme très crédible et minimisé la version de l’acupuncteu­r qui disait que celle-ci avait tenté de se venger après avoir réclamé, en vain, une somme de 21 000 $ représenta­nt la dîme qu’elle a versée à la communauté.

Qu’à cela ne tienne, Emmanuel Francoeur continue de soutenir qu’elle a agi par vengeance.

« C’est une personne qui, comme on dit en bon québécois, nous devait un chien de sa chienne », a-t-il dit au Journal, mardi.

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EMMANUEL FRANCOEUR Acupuncteu­r

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