Miroir, qui est la plus belle ?
Regardez la photo qui accompagne ma chronique. Prenez deux secondes pour la regarder sous tous les angles. Une fois que vous avez compris que c’est le corps d’une femme très très en chair, répondez-moi sincèrement à la question suivante : « Trouvez-vous cette photo belle ? » On est entre nous. Vous n’avez pas à me donner une réponse politiquement correcte. Allez, personne ne vous jugera. Quelle est votre réaction viscérale face à ce corps ?
TOUS LES CORPS SONT MAGNIFIQUES ?
Cette photo est une oeuvre d’art, d’une artiste suédoise. Elle publie régulièrement des photos sur Instagram, dans les magazines de la « diversité ». Cette image est censée nous faire réfléchir à notre définition de la beauté et à combattre nos « préjugés envers les standards corporels dominants ». Du beau charabia pseudo-intellectuel destiné à nous rendre coupables de notre réaction spontanée, si vous voulez mon avis. Désolée, mais je suis incapable de m’exclamer devant la « beauté » de cette image. Ce que je vois, c’est le corps d’une femme déformé et en mauvaise santé qui a besoin d’aide médicale.
Le magazine en ligne Vice a déjà dit des photos de Julia SH qu’elles « montraient la beauté et la valeur du corps du mannequin en dehors de tout jugement de la société en termes d’attrait sexuel ».
Le magazine féminin Cosmopolitan a écrit en 2016 : « Ces photos de nudité vont vous rappeler que tous les corps sont magnifiques. »
Quelle hypocrisie ! Un magazine féminin qui nous vend de pleines pages de pubs de corps féminins photoshoppés nous fait croire qu’un corps mou et flasque c’est magnifique ! Si vous croyez vraiment ce que vous dites, pourquoi ne pas nous montrer des femmes obèses morbides dans votre prochain reportage sur les maillots de bain ? Pourquoi ne pas nous montrer des corps bourrés de bourrelets dans votre prochain « spécial sexe » ?
Comprenez-moi bien, je suis toute en faveur de la diversité corporelle. Il ne faut pas qu’il y ait qu’un seul modèle de beauté, des filles prépubères sans seins ni fesses comme nous les montrent les publicités et le milieu de la mode. J’applaudis à deux mains quand on nous montre des femmes avec des formes voluptueuses. Amenez-en des Kim Kardashian, des Monica Bellucci, des Beyoncé.
Mais parfois, il faut appeler un chat un chat : une femme au corps difforme est une femme au corps difforme. Une femme obèse morbide est une femme obèse morbide. Ce n’est pas une femme « taille plus ». Ce n’est pas un modèle d’acceptation de soi : elle a un sérieux problème de santé et ne peut en aucun cas être considérée comme un modèle. Et ce n’est pas être une horrible mégère réactionnaire que de le dire.
Aujourd’hui, on veut nous faire croire qu’il faut trouver beau tout ce qui sort de la norme. Sinon, on se fait accuser d’avoir d’horribles et vilains préjugés et de faire de la discrimination corporelle. Ou pire encore… On se fait traiter de « grossophobe », le nouveau mot à la mode.