Le Journal de Quebec

Les bonnes intentions

- DAVID DESCÔTEAUX david.descoteaux@quebecorme­dia.com

Avoir de bonnes intentions, ce n’est pas suffisant. Parlez-en aux travailleu­rs à bas salaire de Seattle.

La Ville de Seattle a décidé, en 2014, d’augmenter le salaire minimum de 9,47 $ à 15 $ sur trois ans. Une étude du très crédible National Bureau of Economic Research (NBER), qui s’est penchée sur la hausse de 11 $ à 13 $ entre 2015 et 2016, démontre que le résultat est une catastroph­e pour ceux que l’on cherchait à aider.

Les travailleu­rs à faible salaire ont perdu, en moyenne, 125 $ par mois de rémunérati­on. Cette politique a réduit de 9 % les heures travaillée­s de 2015 à 2016 – on parle ici de plusieurs millions d’heures.

Sommesnous surpris ? Un petit commerce ou un restaurant n’a pas beaucoup de marge de manoeuvre (ni de profit). Et là, du jour au lendemain, leurs employés coûtent près de 20% plus cher alors que les revenus de l’entreprise, eux, n’ont pas bougé.

Certains patrons doivent alors réduire les heures de travail de certains employés, cesser les nouvelles embauches ou augmenter leurs prix. C’est vraisembla­blement ce qu’il s’est passé à Seattle.

NOS PME ONT EU CHAUD

Ici, plusieurs propriétai­res de PME doivent avoir poussé un soupir de soulagemen­t quand le gouverneme­nt s’est montré ferme devant les syndicats et les porteparol­e de la gauche, qui veulent un salaire minimum à 15$ l’heure dans un proche avenir.

Une hausse immédiate du salaire minimum à 15$ l’heure pourrait entraîner la perte de 100000empl­ois au Québec, rappelait il y a quelques mois l’économiste Pierre Fortin, soulignant que le salaire minimum au Québec est déjà plus élevé qu’ailleurs en pourcentag­e du salaire moyen horaire.

Rappelons que le salaire minimum a augmenté de 50 cents le 1er mai, pour atteindre 11,25$. Ça semble peu, mais ça représente une hausse de 4,7 %. C’est près de trois fois le taux d’inflation annuel. Et le gouverneme­nt veut hausser progressiv­ement le salaire minimum pour le faire passer à 12,45 $ d’ici quatre ans. Un

bond de 16%.

UNE SOLUTION

C’est plate à dire, mais les travailleu­rs peu qualifiés doivent maintenant tenir compte de nouveaux concurrent­s: les caisses sans préposés dans les supermarch­és, les écrans tactiles pour commander un repas dans les restaurant­s et même les robotsburg­er, capables de cuire, préparer et emballer un hamburger en quelques secondes.

Si le salaire minimum augmente rapidement pendant que le coût de ces robots diminue, les patrons risquent de sortir leur calculette pour voir si ce n’est pas une meilleure idée d’investir dans ces machines…

Tout le monde veut aider les petits travailleu­rs. Mais une meilleure solution serait d’augmenter l’exemption personnell­e de base pour ces travailleu­rs. En haussant la tranche de salaire sur laquelle un travailleu­r ne paie pas d’impôt, les travailleu­rs à faible revenu en auraient encore plus dans leurs poches. Et les employeurs, eux, n’auraient pas à réduire les heures de travail des employés.

Une hausse immédiate du salaire minimum à 15 $ l’heure pourrait entraîner la perte de 100 000 emplois

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