Le Journal de Quebec

Payer pour voir ses proches

- RÉMI NADEAU Chef du Bureau parlementa­ire à Québec remi.nadeau @quebecorme­dia.com

Où étions-nous, lorsque la décision de faire payer les usagers pour le stationnem­ent des hôpitaux et CHSLD a été prise ? Collective­ment, comment avons-nous pu l’accepter sans broncher ?

Évidemment, ce n’est pas du jour au lendemain que sont apparus les tarifs exorbitant­s de 24 $ par jour au CHUM de Montréal, ou de 16 $ au CHUL de Québec.

On nous a fait avaler la couleuvre à petites doses, insidieuse­ment.

Les autorités ont plaidé le principe de l’autofinanc­ement.

Mais en 2014-2015, par exemple, le CHU a enregistré des profits de plus de 7 millions $ avec ses stationnem­ents.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, estime que les tarifs exigés sont « acceptable­s ».

Il argue qu’ils sont comparable­s aux autres dans ce marché. Mais c’est là où le bât blesse. Beaucoup.

PAS POUR LE FUN

Il y a toute une marge entre payer 15 $ de stationnem­ent pour voir un show au Centre Vidéotron et payer 16 $ pour prêter assistance à sa conjointe malade qui a été hospitalis­ée !

Le stationnem­ent de Place Bonaventur­e, tout près du Centre Bell, coûte 19 $, mais il faut débourser 22 $ si on passe un peu plus de trois heures pour voir sa mère au CUSM.

Personnell­ement, père de jumeaux prématurés qui ont nécessité un mois d’hospitalis­ation, j’ai été scandalisé de devoir payer tous les jours pour… voir mes enfants.

Tant de parents doivent piger dans un portefeuil­le à moitié vidé par l’impôt et les taxes pour donner des soins à leurs bébés dans les unités néonatales.

ET EN CHSLD

Récemment, l’animateur de radio Pierre Vézina racontait qu’il devait payer pour voir son père, malheureus­ement hébergé en CHSLD.

Un montant de 15 $ à déplier, chaque fois que la visite dépasse les trois heures.

Ça donne mal au coeur. Un haut-lecoeur de contribuab­le.

Selon des chiffres répertorié­s par la CAQ, 38 hôpitaux et autres installati­ons de santé exigent des frais quotidiens de plus de 10 $ en stationnem­ent.

On y va soit pour recevoir des soins ou pour voir des proches dans le besoin. Rien à voir avec du divertisse­ment. Pour des personnes à plus faible revenu, ce montant à payer peut constituer un frein au nombre de visites, dont les aînés ont pourtant cruellemen­t besoin.

Le gouverneme­nt Couillard a posé un premier geste en abolissant la taxe santé.

Une suite souhaitabl­e serait qu’il force les établissem­ents de santé à augmenter la période de gratuité (limitée à 30 minutes) et à abolir les tarifs en CHSLD.

Selon nos informatio­ns, une réflexion est en cours au cabinet du ministre Gaétan Barrette.

Bien sûr, les établissem­ents doivent entretenir leur stationnem­ent et il y a un coût pour ça, en déneigemen­t, en asphaltage, en éclairage.

Le gouverneme­nt pourrait leur verser une compensati­on pour que la facture ne soit plus refilée aux Québécois.

Ce serait une réduction du fardeau fiscal humaine et équitable.

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