Gaétan Barrette coupe le nombre de futurs médecins
Les médecins résidents et les omnipraticiens ne s’entendent pas sur cette mesure
Le gouvernement du Québec réduit dès cet automne le nombre d’étudiants admis en médecine, une mesure qu’il compte répéter, car il craint de former trop de médecins chômeurs.
« [Des médecins], il y en a assez […]. Ça fait trois ans qu’on me suggère de diminuer le nombre de postes à l’entrée et je le fais pour la première fois », assure le ministre de la Santé Gaétan Barrette, qui a choisi de mettre en place cette recommandation du Collège des médecins, des facultés de médecine et de son ministère.
Dès la rentrée, un total de 17 étudiants de moins que l’an dernier seront admis dans les quatre facultés de médecine de la province. Ensuite, de pareilles diminutions sont à prévoir pour les deux années suivantes, afin de réduire jusqu’à 51 le nombre d’admissions d’ici trois ans selon les universités.
Mais le ministre Barrette soutient qu’une décision sera seulement prise chaque année afin d’ajuster le tir au besoin. S’il reste prudent, c’est qu’il « préfère [se] tromper un peu plus vers le haut que vers le bas », quant au nombre de futurs médecins.
Il précise que les décisions prises aujourd’hui n’auront un impact que dans sept ou 10 ans, selon le choix des étudiants de se tourner vers la médecine familiale ou une spécialité.
1000 MÉDECINS DE TROP
Par ailleurs, un document publié récemment par le ministère de la Santé prévoit qu’au rythme actuel d’environ 850 diplômés par année, la province risque de se retrouver dans 20 ans avec plus de 600 omnipraticiens et 500 spécialistes de trop.
Par contre, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) juge ces projections inutiles et peu fiables. Surtout qu’elles sont basées sur une proportion d’étudiants qui choisissent la médecine familiale à 55 %, alors qu’en réalité, il y a encore un manque à gagner.
En mars dernier, Le Journal rapportait que 85 postes d’omnipraticiens des facultés québécoises étaient restés vacants au premier tour du Service canadien de jumelage des résidents.
« Le chômage médical n’est pas du tout une réalité qui nous guette et nous pouvons absorber toutes les prochaines cohortes. Il n’y a pas une région où il n’y a pas de pénurie relative », lance le président de la FMOQ, Louis Godin.
Si les médecins de famille ne sont pas prêts à condamner la réduction des admissions en médecine, ils n’y voient pas non plus l’idée du siècle.
COÛTE CHER
Par contre, c’est une mesure que réclamait quant à elle la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) qui déplore depuis déjà quelques années que certaines spécialités soient saturées.
Selon son président, Christopher Lemieux, il faut éviter d’investir dans de futurs médecins qui ne pourront pas travailler ici et devront quitter la province. « Si on garde le même nombre d’admissions, on va avoir un surplus », croit le résident en hémato-oncologie.
« Ça coûte cher [former des médecins] et on veut aussi éviter une surconsommation médicale, comme on le voit en Europe, ce qui a aussi des coûts », poursuit Gaétan Barrette, ajoutant que l’argent n’est pas la raison pour sabrer les admissions, seulement les besoins de la population.
« JE PRÉFÈRE ME TROMPER VERS LE HAUT QUE VERS LE BAS [SUR LE NOMBRE DE MÉDECINS AU QUÉBEC]. » – Le ministre de la Santé Gaétan Barrette