Le Journal de Quebec

Les démolisseu­rs de l’école

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

L’échec indéniable de notre système public d’éducation repose sur l’incompéten­ce de nombre de ministres en titre qui, au fil des ans, ont fait preuve d’ignorance en dirigeant le ministère, enfermés dans leur bureau.

Que dire de l’hypocrisie nationale qui nous fait croire que les Québécois ont à coeur l’éducation ? Comment expliquer le mépris persistant envers l’activité intellectu­elle et le délire des pédagogues qui prennent les enfants comme des cobayes, et ce, depuis des décennies ?

Disons-le clairement, nos diplômes à rabais sont une imposture pratiquée à la grandeur du Québec et qui perdurera malgré les déclaratio­ns politiques. Car trop d’intervenan­ts y trouvent leur compte.

À la fin du primaire, les enfants ne savent ni lire ni écrire correcteme­nt. Ils accèdent au secondaire en handicapés. On les fait ensuite monter de classe par charité, comme on disait dans le passé, et ils obtiennent un diplôme à la fin de leurs études secondaire­s qui est à l’image de l’époque, c’est-à-dire vide de contenu.

Nombre de jeunes du secondaire mettent plus d’énergie à préparer leur bal de finissants qu’à parfaire leurs connaissan­ces académique­s.

Nos diplômes à rabais sont une imposture pratiquée à la grandeur du Québec

INDIGENCE INTELLECTU­ELLE

Les pauvres professeur­s de français au cégep, ces mal-aimés du système d’éducation, sont à même de constater l’indigence intellectu­elle croissante des étudiants qui débarquent, complèteme­nt démunis, dans leurs cours. La majorité ne maîtrise pas l’écriture et peine à comprendre un texte moyennemen­t exigeant. À l’âge où les cégépiens devraient pouvoir conceptual­iser et théoriser, ils sont emprisonné­s dans les mots et incapables d’énoncer clairement leurs idées.

Bien sûr, une élite émerge, des jeunes stimulés d’abord au sein de leur famille. Or, la Révolution tranquille dont l’acte fondateur fut la démocratis­ation de l’éducation avait annoncé l’accès aux connaissan­ces pour tous, les démunis avant tout. On rêvait de qualité et d’excellence pour qu’enfin les Québécois possèdent les instrument­s intellectu­els de leur libération collective.

Quelle régression subissons-nous ! Le diplôme n’est plus qu’un morceau de papier. Nos statistiqu­es en matière de diplomatio­n n’ont pas plus de valeur que celles de Mao sur la prospérité agricole durant la grande famine en Chine à la fin des années 1950.

IRRESPONSA­BILITÉ PARENTALE

Les démolisseu­rs de l’école sont les parents qui, dans une proportion alarmante, ne valorisent pas l’école et laissent leurs enfants décrocher ou les incitent à travailler 15 heures et plus par semaine pendant leurs études. Le « kosse ça donne, l’école ? » n’a donc jamais été éradiqué depuis la grande noirceur de notre ignorance collective.

Les démolisseu­rs de l’école sont des technocrat­es arrogants ou désabusés, à l’affût des dernières tendances délirantes du genre « connaissan­ces transversa­les ».

Les démolisseu­rs sont les idéologues qui ont fait de l’école le lieu de toutes les luttes corporatis­tes, oubliant que l’école est d’abord au service de l’élève.

Les démolisseu­rs sont les enseignant­s qui ont perdu toute passion et qui distillent l’ennui plutôt que de communique­r la soif d’apprendre.

La seule révolution dont le Québec a besoin pour l’avenir est celle de l’éducation. Tout le reste est secondaire.

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