Les démolisseurs de l’école
L’échec indéniable de notre système public d’éducation repose sur l’incompétence de nombre de ministres en titre qui, au fil des ans, ont fait preuve d’ignorance en dirigeant le ministère, enfermés dans leur bureau.
Que dire de l’hypocrisie nationale qui nous fait croire que les Québécois ont à coeur l’éducation ? Comment expliquer le mépris persistant envers l’activité intellectuelle et le délire des pédagogues qui prennent les enfants comme des cobayes, et ce, depuis des décennies ?
Disons-le clairement, nos diplômes à rabais sont une imposture pratiquée à la grandeur du Québec et qui perdurera malgré les déclarations politiques. Car trop d’intervenants y trouvent leur compte.
À la fin du primaire, les enfants ne savent ni lire ni écrire correctement. Ils accèdent au secondaire en handicapés. On les fait ensuite monter de classe par charité, comme on disait dans le passé, et ils obtiennent un diplôme à la fin de leurs études secondaires qui est à l’image de l’époque, c’est-à-dire vide de contenu.
Nombre de jeunes du secondaire mettent plus d’énergie à préparer leur bal de finissants qu’à parfaire leurs connaissances académiques.
Nos diplômes à rabais sont une imposture pratiquée à la grandeur du Québec
INDIGENCE INTELLECTUELLE
Les pauvres professeurs de français au cégep, ces mal-aimés du système d’éducation, sont à même de constater l’indigence intellectuelle croissante des étudiants qui débarquent, complètement démunis, dans leurs cours. La majorité ne maîtrise pas l’écriture et peine à comprendre un texte moyennement exigeant. À l’âge où les cégépiens devraient pouvoir conceptualiser et théoriser, ils sont emprisonnés dans les mots et incapables d’énoncer clairement leurs idées.
Bien sûr, une élite émerge, des jeunes stimulés d’abord au sein de leur famille. Or, la Révolution tranquille dont l’acte fondateur fut la démocratisation de l’éducation avait annoncé l’accès aux connaissances pour tous, les démunis avant tout. On rêvait de qualité et d’excellence pour qu’enfin les Québécois possèdent les instruments intellectuels de leur libération collective.
Quelle régression subissons-nous ! Le diplôme n’est plus qu’un morceau de papier. Nos statistiques en matière de diplomation n’ont pas plus de valeur que celles de Mao sur la prospérité agricole durant la grande famine en Chine à la fin des années 1950.
IRRESPONSABILITÉ PARENTALE
Les démolisseurs de l’école sont les parents qui, dans une proportion alarmante, ne valorisent pas l’école et laissent leurs enfants décrocher ou les incitent à travailler 15 heures et plus par semaine pendant leurs études. Le « kosse ça donne, l’école ? » n’a donc jamais été éradiqué depuis la grande noirceur de notre ignorance collective.
Les démolisseurs de l’école sont des technocrates arrogants ou désabusés, à l’affût des dernières tendances délirantes du genre « connaissances transversales ».
Les démolisseurs sont les idéologues qui ont fait de l’école le lieu de toutes les luttes corporatistes, oubliant que l’école est d’abord au service de l’élève.
Les démolisseurs sont les enseignants qui ont perdu toute passion et qui distillent l’ennui plutôt que de communiquer la soif d’apprendre.
La seule révolution dont le Québec a besoin pour l’avenir est celle de l’éducation. Tout le reste est secondaire.