Le Journal de Quebec

Leur entreprise à domicile devient un boulet financier

- Emmanuelle Gril

Normand et Nicole se sont lourdement endettés après avoir démarré une entreprise à domicile de vente de produits. La situation est devenue intenable et le couple ne peut plus faire face à ses obligation­s financière­s.

Normand, 58 ans, est conseiller en placement pour une institutio­n financière et gagne 40 000 $ par an. Quant à sa conjointe Nicole, elle travaille à temps partiel dans un restaurant et touche 25 000 $ annuelleme­nt. Elle a toutefois abandonné son emploi pendant quelque temps afin de se consacrer à leur entreprise de vente de produits, démarrée il y a trois ans.

Malheureus­ement, les bénéfices ne sont pas au rendez-vous, loin de là. Au contraire, les investisse­ments requis pour opérer leur affaire ont englouti de grosses sommes : 17 000 $ sur la marge de crédit de Normand, en plus de 52 000 $ sur ses cartes de crédit, pour une facture colossale de 75 000 $.

« Au bout du compte, et avec des revenus nets de 4000 $ par mois, le couple est incapable de faire face au paiement mensuel minimum de 1900 $ pour rembourser ses dettes », explique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité, président de Jean Fortin et Associés.

TROIS OPTIONS

Après avoir analysé la situation, le syndic leur a proposé trois solutions. La première est un prêt de consolidat­ion de dettes convention­nel. « Cela consiste à regrouper les dettes de marge et de cartes de crédit en un seul prêt de 75 000 $ remboursab­le sur cinq ans, prêt qui serait accordé par une institutio­n financière », dit-il. Cela représente­rait un paiement mensuel de 1670 $, auquel s’ajoutent le prêt auto (450 $) et les frais de logement (870 $, incluant l’hypothèque, les taxes et le chauffage), pour un total de 2990 $. Avec des revenus bruts de 5400 $, cela représente un ratio d’endettemen­t de 55 %. Or, aucune banque ne voudra leur consentir un prêt ni prendre un tel risque dans ces conditions.

La deuxième option serait de procéder à un refinancem­ent hypothécai­re. « En augmentant l’hypothèque de 40 000 $ à 115 000 $, Normand pourrait tout rem- bourser d’un coup. Cela débouchera­it sur un ratio d’endettemen­t de 31 %, ce qui rend le refinancem­ent techniquem­ent possible », précise M.fortin. Le paiement mensuel des dettes serait aussi allégé et chuterait à 1700 $ (logement + prêt auto).

Cette solution présente toutefois deux inconvénie­nts majeurs : Nicole devra elle aussi signer la nouvelle hypothèque et en deviendra responsabl­e au même titre que son conjoint. De plus, cela rallongera la durée de l’hypothèque de 15 ans. Or, Normand a 58 ans et pense prendre sa retraite d’ici huit ans.

LA PROPOSITIO­N DE CONSOMMATE­UR

La troisième option est de présenter aux créanciers de Normand une propositio­n de consommate­ur d’un montant de 45 000 $ à titre de remboursem­ent complet des dettes de 75 000 $. La somme serait payable en 60 versements à raison de 750 $ par mois. Ce faisant, le ratio d’endettemen­t serait de 38 % et le paiement mensuel de 2070 $ (frais de logement + prêt auto + remboursem­ent de la dette). « Cela évite ainsi à Nicole d’être responsabl­e d’un refinancem­ent hypothécai­re et limite la période de remboursem­ent à cinq ans au lieu de 15 », précise Pierre Fortin. La propositio­n de consommate­ur a donc été choisie par le couple.

Celle-ci a été acceptée par les créanciers de Normand, d’autant plus que son seul actif est la moitié indivise d’une maison. « Or, celle-ci s’avérerait très difficile à vendre dans un contexte de vente forcée, et cela n’en fait pas une option intéressan­te pour les créanciers », conclut le syndic.

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