Leur entreprise à domicile devient un boulet financier
Normand et Nicole se sont lourdement endettés après avoir démarré une entreprise à domicile de vente de produits. La situation est devenue intenable et le couple ne peut plus faire face à ses obligations financières.
Normand, 58 ans, est conseiller en placement pour une institution financière et gagne 40 000 $ par an. Quant à sa conjointe Nicole, elle travaille à temps partiel dans un restaurant et touche 25 000 $ annuellement. Elle a toutefois abandonné son emploi pendant quelque temps afin de se consacrer à leur entreprise de vente de produits, démarrée il y a trois ans.
Malheureusement, les bénéfices ne sont pas au rendez-vous, loin de là. Au contraire, les investissements requis pour opérer leur affaire ont englouti de grosses sommes : 17 000 $ sur la marge de crédit de Normand, en plus de 52 000 $ sur ses cartes de crédit, pour une facture colossale de 75 000 $.
« Au bout du compte, et avec des revenus nets de 4000 $ par mois, le couple est incapable de faire face au paiement mensuel minimum de 1900 $ pour rembourser ses dettes », explique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité, président de Jean Fortin et Associés.
TROIS OPTIONS
Après avoir analysé la situation, le syndic leur a proposé trois solutions. La première est un prêt de consolidation de dettes conventionnel. « Cela consiste à regrouper les dettes de marge et de cartes de crédit en un seul prêt de 75 000 $ remboursable sur cinq ans, prêt qui serait accordé par une institution financière », dit-il. Cela représenterait un paiement mensuel de 1670 $, auquel s’ajoutent le prêt auto (450 $) et les frais de logement (870 $, incluant l’hypothèque, les taxes et le chauffage), pour un total de 2990 $. Avec des revenus bruts de 5400 $, cela représente un ratio d’endettement de 55 %. Or, aucune banque ne voudra leur consentir un prêt ni prendre un tel risque dans ces conditions.
La deuxième option serait de procéder à un refinancement hypothécaire. « En augmentant l’hypothèque de 40 000 $ à 115 000 $, Normand pourrait tout rem- bourser d’un coup. Cela déboucherait sur un ratio d’endettement de 31 %, ce qui rend le refinancement techniquement possible », précise M.fortin. Le paiement mensuel des dettes serait aussi allégé et chuterait à 1700 $ (logement + prêt auto).
Cette solution présente toutefois deux inconvénients majeurs : Nicole devra elle aussi signer la nouvelle hypothèque et en deviendra responsable au même titre que son conjoint. De plus, cela rallongera la durée de l’hypothèque de 15 ans. Or, Normand a 58 ans et pense prendre sa retraite d’ici huit ans.
LA PROPOSITION DE CONSOMMATEUR
La troisième option est de présenter aux créanciers de Normand une proposition de consommateur d’un montant de 45 000 $ à titre de remboursement complet des dettes de 75 000 $. La somme serait payable en 60 versements à raison de 750 $ par mois. Ce faisant, le ratio d’endettement serait de 38 % et le paiement mensuel de 2070 $ (frais de logement + prêt auto + remboursement de la dette). « Cela évite ainsi à Nicole d’être responsable d’un refinancement hypothécaire et limite la période de remboursement à cinq ans au lieu de 15 », précise Pierre Fortin. La proposition de consommateur a donc été choisie par le couple.
Celle-ci a été acceptée par les créanciers de Normand, d’autant plus que son seul actif est la moitié indivise d’une maison. « Or, celle-ci s’avérerait très difficile à vendre dans un contexte de vente forcée, et cela n’en fait pas une option intéressante pour les créanciers », conclut le syndic.