Le Journal de Quebec

Puissant et sans compromis

Le rock complexe de King Crimson virevolte dans le Centre Vidéotron

- Yves Leclerc l Yleclercjd­q

Des structures musicales complexes, de la puissance, de l’intensité et des envolées de guitares, de flûtes et surtout de batterie, le rock progressif de King Crimson s’est déployé comme jamais, hier, dans le Centre Vidéotron.

En mars dernier, à l’annonce de la visite de l’octuor britanniqu­e dans le nouvel amphithéât­re, les amateurs de la formation étaient plus que perplexes.

Ceux qui avaient assisté aux spectacles à guichet fermé au Palais Montcalm, en novembre 2015, étaient craintifs de perdre l’aspect intimiste de l’endroit.

Oui, c’était effectivem­ent beaucoup moins intime dans un Centre Vidéotron qui, en configurat­ion théâtre, a accueilli autour de 3000 spectateur­s.

Mais tout ce qui a été perdu en intimité, les amateurs l’ont gagné en puissance. Ça sonnait pas à peu près et c’était même très fort par moment.

On avait rarement entendu quelque chose d’aussi complexe dans cet amphithéât­re.

Dès les premières notes de Larks’ Tongues in Aspic (Part One), les sonorités de guitare saccadées de Robert Fripp résonnaien­t dans tous les recoins de l’amphithéât­re.

Mel Collins s’est même permis, à un moment donné, quelques passages de La Marseillai­se et du Ô Canada à la flûte.

Cette configurat­ion de King Crimson à huit musiciens met en vedette Gavin Harrison, Pat Mastelotto et Jeremy Stacey à la batterie.

Les trois individus, qui font beaucoup de bruit, se complètent en jouant des partitions imbriquées, complexes et distinctes.

UN TRIO D’ENFER

Sur une section de Lizard, Mastelotto s’occupe des percussion­s, Stacey martèle les fûts et l’ex-porcupine Tree fait résonner les cymbales. Et dire que l’idée initiale était que Bill Rieflin s’ajoute à ce trio.

Et parfois, ils sont aussi trois derrière les claviers avec Robert Fripp, Rieflin et le batteur Jeremy Stacey. Des claviers beaucoup plus présents qu’en 2015.

Durant Prince Rubert’s Lament, de la sec- tion The Battle of Glass Tears, de la pièce Lizard, Fripp, du haut de ses 71 ans, a été étincelant avec les sonorités planantes émises par six cordes.

Les Fripp, Jakko Jakszyk, Tony Levin, Collins, Rieflin et les trois batteurs, tous en costards, ont réussi à créer un maelstrom sonore dense et étourdissa­nt avec Level 5, ramenant ensuite le calme avec la très jazz Islands, rarement interprété­e en concert.

OVATION

Au retour de l’entracte, King Crimson a redémarré la machine avec une Indiscipli­ne, précise et légèrement modifiée, Easy Money, Red, Larks’ Tongue in the Aspic (Part Two), saluée par une ovation et la sublime Starless.

Sur le coup de 22 h 30, la formation entrait dans la portion finale de la soirée, avec le classique In the Court of Crimson King, Heroes de David Bowie et 21st Schizoid Man.

Avec une prestation dense et complexe, qui coïncidait parfaiteme­nt avec le titre de la tournée, intitulée Radical Action, King Crimson a pigé dans toutes les époques de sa longue carrière, proposé du nouveau matériel et transporté les mélomanes dans leur univers riche et surtout sans compromis.

 ??  ?? Fidèle à leurs concerts présentés au Palais Montcalm en 2015, King Crimson avait à nouveau interdit l’accès aux photograph­es de presse pour leur prestation au Centre Vidéotron.
Fidèle à leurs concerts présentés au Palais Montcalm en 2015, King Crimson avait à nouveau interdit l’accès aux photograph­es de presse pour leur prestation au Centre Vidéotron.
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