Le Journal de Quebec

Donnacona pas prête à contrer les drones

Une tentative d’introducti­on de stupéfiant­s à la prison a été arrêtée de justesse en juin

- Nicolas Saillant l Nsaillantj­dq

L’arrestatio­n il y a deux semaines de deux individus qui tentaient d’introduire des stupéfiant­s à l’aide d’un drone à la prison de Donnacona « inquiète » les agents correction­nels, qui estiment que les pénitencie­rs canadiens sont « vulnérable­s ».

Le 19 juin dernier, la Sûreté du Québec arrêtait, au terme d’une enquête, deux individus qui s’apprêtaien­t à faire une livraison de stupéfiant au pénitencie­r de Donnacona. Signe des temps, les deux présumés trafiquant­s se trouvaient pourtant à environ deux kilomètres de leur cible, dans le stationnem­ent du Tim Hortons de la municipali­té.

Dans leur véhicule, des stupéfiant­s, du tabac, quelques téléphones cellulaire­s ainsi qu’un drone ont été saisis. Marc-andré Trudel, 30 ans, de Montréal a été arrêté pour faire face à des accusation­s de trafic de stupéfiant­s. Son acolyte a été libéré sous promesse de comparaîtr­e.

LIVRAISON AUX CELLULES

Or, selon les informatio­ns obtenues par Le Journal, l’objectif des trafiquant­s aurait été de livrer directemen­t à la fenêtre d’une des cellules du pénitencie­r. Une nouvelle technique qui semble être de plus en plus tentée par les trafiquant­s.

Entre juillet 2013 et décembre 2016, 20 incidents impliquant des drones ont été répertorié­s dans les établissem­ents du Québec, selon Service correction­nel du Canada. Des chiffres mis en doute par Frédéric Lebeau, le président de la section syndicale québécoise des agents correction­nels fédéraux. « C’est beaucoup plus que ça, on est sûr que c’est beaucoup plus que ça. Je trouve ça bas, je suis vraiment surpris », dit-il.

Il faut dire qu’une telle opération est très lucrative à l’intérieur des murs. La mar-

chandise transporté­e par drone contenu dans un colis gros comme un ballon de football peut valoir jusqu’à 10 000 $ au marché noir des pénitencie­rs.

Toujours selon nos sources, une entrée massive de stupéfiant par drone aurait d’ailleurs eu lieu il y a environ un mois et demi à Donnacona, ce qui aurait mis les autorités sur le qui-vive. La décision de réduire les activités dans les cours a même été prise pour limiter le champ d’action des importateu­rs.

AGENTS PRÉOCCUPÉS

Cette nouvelle menace accompagné­e de l’inaction de Service correction­nel du Canada dans le domaine « inquiète » les agents correction­nels fédéraux. « On pense que le gouverneme­nt est en retard dans le dossier. Ça avance à pas de tortue », s’inquiète M. Lebeau.

Il affirme qu’un projet pilote a été lancé à l’établissem­ent de Drummondvi­lle pour étudier trois technologi­es de mise hors service des drones près des pénitencie­rs, mais que les résultats se font attendre. « C’est toujours une question de coût, en fin de compte. Je crois que le Service correction­nel a de la volonté, mais c’est un manque de budget », indique M. Lebeau.

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PHOTOS D’ARCHIVES Deux individus ont tenté d’introduire des stupéfiant­s dans la prison de Donnacona en utilisant un drone.
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