Le Journal de Quebec

La migration est-elle un droit ?

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com

Les migrants qui traversent la Méditerran­ée sur des rafiots pour rejoindre l’europe n’émeuvent plus grand monde, à part les humanitair­es qui les soustraien­t à une mer vorace. Les rares qui continuent de les voir comme des êtres humains et non comme des insectes envahissan­ts.

Scrutant les images, les coeurs se raidissent en voyant qu’il s’agit plus souvent de jeunes hommes africains que de familles fuyant la Syrie.

Mais le désespoir ne vient pas qu’en un seul format. Ils fuient aussi des conflits insolubles, la dictature, la pauvreté. Ils rêvent d’une vie fantasmée en Occident.

En Jordanie, j’ai rencontré une famille de Bédouins nomades dont les femmes, qui regardaien­t toute la journée une télé branchée sur une batterie d’auto et une soucoupe, croyaient que nous vivions tous comme dans Dallas, leur émission préférée.

Appauvrir les sociétés riches ne va pas enrichir les sociétés pauvres.

RESPONSABI­LITÉ HUMAINE

Inutile de blâmer la mondialisa­tion. Les êtres humains migrent par nécessité depuis qu’ils savent marcher. La Bible n’est qu’une succession de migrations, l’avertissem­ent de la tour de Babel en prime.

Lorsque les anciens débarquaie­nt là où habitaient déjà d’autres peuples, c’était une guerre sans merci pour le territoire.

Nos plus récents ancêtres se sont regroupés en nations, ont établi des frontières et défini des règles de citoyennet­é pour mettre de l’ordre, oui, mais aussi pour protéger leurs investisse­ments dans le développem­ent, au fil des siècles, de meilleurs endroits pour vivre.

STOP !

Les migrations de masse actuelles ne peuvent continuer. Aucun pays, aussi développé soit-il, n’a les capacités économique­s, écologique­s et sociales d’intégrer des millions de personnes de cultures différente­s et de sociétés dysfonctio­nnelles en quelques années.

L’italie, pourtant généreuse, est au bout de ses forces. La Suède durcit les conditions d’accueil des réfugiés. On ne peut forcer des population­s, même progressis­tes, à accepter autant de migrants disparates sans que ça finisse par chauffer de part et d’autre.

De jeunes activistes européens de la soi-disant « Génération identitair­e » organisent des sorties en Méditerran­ée pour empêcher les navires humanitair­es de recueillir des migrants en danger. On en est là.

Des études montrent que les migrants sont moins heureux que les familles quittées.

CONSTAT LUCIDE

En 2013, Paul Collier, économiste spécialist­e de la grande pauvreté et professeur à Oxford, a publié, en anglais, Exodus, comment la migration change notre monde, qui étudie ses effets sur les sociétés d’accueil et aussi sur les sociétés d’origine ainsi privées de leur jeunesse, des éléments les plus prometteur­s. Personne n’y gagne.

Appauvrir les sociétés riches ne va pas enrichir les sociétés pauvres. Les 400 milliards $ US estimés que les migrants envoient à l’étranger chaque année échappent à toute taxation.

« L’immigratio­n modérée, écrit-il, amène des bénéfices, mais l’immigratio­n de masse engrange des coûts élevés pour les pays développés et affaiblit leur capital social. » Notamment à cause de la pression insoutenab­le à moyen terme sur les soins de santé, le logement, l’éducation, les salaires.

Collier n’est pas raciste : il favorise des sociétés occidental­es multiracia­les unies par une culture, une identité et des valeurs communes.

Mieux vaut aider les sociétés pauvres à mieux se gouverner et à s’enrichir, croit-il, que de prétendre que les migrations anarchique­s constituen­t un droit inaliénabl­e au XXIE siècle.

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