Santé Canada pense à interdir un agent allergène
Un agent de conservation que l’on retrouve dans de nombreux produits de soins personnels responsable d’une « épidémie » d’allergies pourrait bientôt être interdit par Santé Canada.
« On attend ça depuis longtemps. Il y a véritablement une épidémie de personnes qui ont développé des allergies à la méthylisothiazolinone », se réjouit Marie-claude Houle, dermatologue à Québec.
Ce produit est un agent de conservation utilisé dans les produits cosmétiques, les produits de soins personnels et ménagers pour éviter la prolifération de bactéries ou d’agents infectieux. (voir tableau en haut)
La méthylisothiazolinone (MI) cause des dermatites de contact allergique.
« C’est un type d’allergie retardée, c’est-à-dire que, lorsqu’une personne se lave les mains, elle peut développer de l’eczéma, 24 h ou 2-3 jours plus tard. La MI provoque une peau rouge, sèche et qui démange. Les gens ont la sensation d’avoir été brûlés », explique Dre Houle.
Santé Canada a récemment informé l’industrie qu’elle envisageait d’interdire l’utilisation de la méthylisothiazolinone dans les produits sans rinçage (crèmes pour le visage ou le corps, maquillage, etc.) et de réduire la concentration maximale permise dans les produits à rincer (nettoyants pour le corps, shampoing, etc.) à 15 partie par million (ppm), plutôt que 100 ppm.
ECZÉMA PRESQUE PARTOUT
« Je suis vraiment contente puisque c’est assez compliqué de me trouver des produits d’hygiène, et j’éviterais des crises d’allergies à mon travail », souligne Isabelle Lauzon, qui est allergique à la méthylisothiazolinone depuis six ans.
La jeune femme de 24 ans avait des plaques d’eczéma sur 80 % de son corps puisque presque tous les produits de soins ou de nettoyage qu’elle utilisait en contenaient. Sa peau était enflée et fissurée au sang à certains endroits.
Même si aujourd’hui elle a retiré la MI de sa maison, elle fait tout de même encore régulièrement des réactions puisque, dans son travail d’éducatrice en garderie, elle manipule des serviettes humides, de la crème solaire ou des crèmes qui appartiennent aux enfants.
La méthylisothiazolinone a commencé à être utilisée à plus grande échelle lorsque les parabènes, d’autres agents de conservation, ont créé une vague de préoccupation, mentionne Lionel Ripoll, professeur en cosmétologie à l’université du Québec à Chicoutimi.