Le promoteur retourne à la planche à dessin
Gilbert Trudeau va faire une nouvelle demande de permis pour transformer la Maison Béthanie
Déçu de sa défaite sans équivoque au référendum de dimanche, le promoteur qui veut transformer la Maison Béthanie en immeuble locatif retourne à la planche à dessin et promet de revenir à la charge avec un nouveau projet.
Près de 94 % des 162 personnes qui ont voté le week-end dernier se sont prononcées contre le changement de zonage réclamé par le promoteur avec l’appui de la Ville de Québec. Les résidents du Vieux-québec ont refusé de lui permettre d’aménager 20 logements dans l’édifice patrimonial de la rue Couillard au lieu des 12 qui sont déjà autorisés.
« Je n’ai pas fait les plans encore, mon architecte va devoir retravailler le dossier, mais je retourne en demande de permis. Pour combien d’unités ? Je ne le sais pas. Est-ce que ça va être 20 ? C’est sûr que non. Mais est-ce que ça va être 19 ou 12 ? Probablement quelque part dans le milieu », a réagi l’homme d’affaires beauceron Gilbert Trudeau en entrevue.
Amer, il s’est de nouveau défendu de vouloir ouvrir la porte à de l’hébergement touristique illégal. « Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, mais je n’ai jamais eu l’intention de faire du Airbnb », a-t-il insisté, peinant à comprendre la réaction des résidents. « Ils veulent qu’on amène des gens dans le quartier, j’en amène puis ils me disent non », a-t-il déploré.
FIÈRE DE LA MOBILISATION CITOYENNE
Aux antipodes, la porte-parole du Comité du Non, Yolande Dubé, savourait pleinement sa victoire hier.
Au bout du fil, elle a reproché au promoteur sa « mauvaise foi » dans le dossier et son attitude « condescendante » envers les citoyens. Elle doute toujours du contrôle qu’il pourra exercer sur les futurs locataires tentés de sous-louer à des touristes.
« On est tous très fiers de s’être tenus debout. On veut qu’il y ait un développement, mais on ne veut pas qu’il y ait un déséquilibre avec la densité et on ne nous a pas écoutés. Avez-vous pensé aux places de stationnement ? À l’heure actuelle, il y a plus de vignettes (en circulation) que de stationnements dans le secteur », a-t-elle affirmé.
AUCUN DÉZONAGE À COURT TERME
La conseillère Julie Lemieux doute qu’une nouvelle demande de changement de zonage puisse cheminer avant les élections de novembre. Même si le projet de loi 122 permet l’abolition des référendums dans les municipalités, la Ville de Québec devra d’abord déposer une politique de consultation publique qui répond aux exigences du gouvernement.
« Sur le fond, je continue à croire que c’est un beau projet pour le Vieux-québec, mais on veut que les promoteurs s’impliquent en amont auprès des citoyens et expliquent leur projet comme il faut, ce qui n’a peut-être pas été suffisamment le cas dans ce dossier-là », a-t-elle reconnu hier.