Le Journal de Quebec

Internet nous coûtera de plus en plus cher

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Samedi, il a fallu quatre heures pour qu’un technicien de Vidéotron (peut-être était-ce celui d’un sous-traitant) installe un nouveau câble souterrain du poteau à la maison. Il a ensuite passé une autre heure à calibrer le signal des divers modems, décodeurs et routeurs que j’ai à la campagne. À 75 km de Montréal, l’image de la télé est maintenant à son mieux et l’internet y est aussi rapide, sinon plus.

Pendant que le technicien travaillai­t à l’installati­on, une scène que j’ai vécue à Whitehorse, au Yukon, il y a quelques années, m’est revenue en mémoire. Je causais alors avec une Inuite qui habite à Tuktoyuktu­k. Ce village au drôle de nom, situé dans la région d’inuvik, aux confins des Territoire­s du Nord-ouest, compte au plus 1000 habitants. S’il a quelque notoriété, c’est que la Brasserie Molson y a tourné des messages publicitai­res en 1995 et qu’on y a enregistré des séquences du docu-réalité Le convoi de l’extrême, diffusé à Canal D.

Dans la jeune cinquantai­ne, la femme se plaignait du fait que son fils télécharge­ait de temps à autre un long-métrage, bloquant ainsi toute autre communicat­ion internet. Quand je lui demandai combien de temps il lui fallait pour télécharge­r un film, elle répondit : « De cinq à sept jours ! »

C’EST PAREIL À IQUALUIT

On m’a rapporté récemment qu’il faut le même temps si on habite à Iqualuit. Dans ces endroits reculés, l’internet n’est pas au bout de son ordinateur ou de sa tablette. Il faut « l’appeler » comme on appelle quelqu’un au téléphone. La plupart de mes lecteurs ont sans doute oublié que c’est ce qu’il fallait faire il y a 20 ans.

Des citoyens de la grande couronne de Montréal et de plusieurs villages du Québec doivent encore compter une heure et plus pour télécharge­r un long-métrage. Pour eux, pas question de visionner quoi que ce soit en continu ( streaming) sur leur télé ou leur ordinateur.

En décembre dernier, le CRTC a décrété que l’internet à large bande (celui qui, en théorie, pourrait nous permettre de télécharge­r à 50 mégaoctets par seconde et de téléverser à 10 Mo) est désormais un service essentiel. Comme jadis le téléphone.

LE STRICT MINIMUM

Nous sommes à peu près tous loin de ces vitesses idéales. La plupart d’entre nous doivent se contenter de 5 Mo et de 1 Mo pour télécharge­r et téléverser. C’est le strict minimum sur lequel tous les Canadiens devront compter d’ici à la fin de 2019. Pour permettre aux fournisseu­rs de bâtir l’infrastruc­ture nécessaire, le CRTC a créé un fonds spécial de 750 millions $ dans lequel ils doivent verser un peu plus de 0,5 % de leurs revenus.

Qu’on aime ça ou non, notre facture internet augmentera chaque année, probableme­nt de 1 $ à 2 $ par mois, car c’est dans notre poche que s’alimente ce fonds spécial. De son côté, le gouverneme­nt fédéral déboursera 500 millions $ de nos impôts sur cinq ans afin que tous les Canadiens aient accès à une bande passante assez puissante pour bénéficier des bienfaits de l’ère numérique.

Avec un peu de chance, ma sympathiqu­e interlocut­rice de Toktoyuktu­k pourra alors envoyer quelques courriels, consulter le site web de la Hudson Bay ou télécharge­r une recette d’huile de baleine, même si son fils décide, le même jour, de télécharge­r un vieux blockbuste­r de Hollywood.

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

De champion coureur automobile qu’il était, Jacques Villeneuve est devenu champion discoureur.

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