Voulez-vous coucher avec moi, robot ?
La nouvelle a beaucoup circulé ces derniers jours : la technologie du robot sexuel progresse rapidement.
Désormais, grâce à l’intelligence artificielle, il est capable d’interactions avec celui qui l’utilise.
On est loin de la poupée gonflable. Le nouveau robot a une apparence humaine. Apparemment, il est désirable et peut faire 50 pirouettes. On prétend même qu’il aura des « sentiments ».
Parlons franchement : ces robots annoncent une société dominée par la misère sexuelle.
DÉSIR
Allons-y d’une banalité : l’élan sexuel pousse les êtres humains à se rapprocher, à se plaire, à se parfumer, à bien s’habiller, à se séduire, à s’apprivoiser, à converser. Il est primitif, et pourtant, il nous civilise.
Tous n’ont pas les mêmes passions. Mais tous ressentent d’une manière ou d’une autre ce désir de l’autre. C’est tout à la fois un désir d’abandon, de possession, de fusion, de communion.
Mais voilà, le robot sexuel vient abolir la nécessité de l’autre. Il le congédie. Il n’est plus nécessaire. Désormais, l’homme pourra s’enfermer dans ses fantasmes et ne plus connecter avec le monde extérieur.
Car soyons honnêtes, ces robots-gadgets sont essentiellement construits pour les hommes qui rêvent d’une esclave sexuelle.
Adieu les corps réels, aux imperfections désirables, qu’on peut sentir, qu’on peut goûter, mais qu’il faut savoir toucher et qui peuvent se refuser, parce qu’ils ne sont justement pas des jouets remplaçables.
Adieu les soupers entre deux êtres qui se désirent sans savoir s’ils passeront à l’étape suivante. Adieu les aventures, la conquête, les élans de passion. Adieu l’amour avec sa femme.
Suffira-t-il qu’un homme ressentant une pulsion se tourne désormais vers son robot pour l’assouvir en se prenant pour un acteur porno avant de passer à autre chose ?
On me dira que ce phénomène demeurera marginal. Il suffit de constater à quel point l’empire pornographique a colonisé notre imaginaire érotique pour redouter le contraire.
Il y a toujours eu une part obscure dans la sexualité. Mais il y a aujourd’hui une valorisation des fantasmes poussant à l’humiliation des femmes. L’homme ordinaire s’enferme dans sa chambre, ouvre son écran et se branle en pensant dominer une femme passée par la chirurgie esthétique.
Adieu la diversité des corps féminins. On ne s’excitera que devant un modèle passé au scalpel.
Soyons honnêtes, ces robots-gadgets sont essentiellement construits pour les hommes qui rêvent d’une esclave sexuelle.
PORNOGRAPHIE
On a même inventé des casques de réalité virtuelle pour faire croire à l’homme qu’il ne faisait pas que se masturber. Le robot sexuel est la suite logique de ce monde désincarné, glacial, aseptisé.
Mais que fera-t-on des corps réels ?
Nous assistons à une déshumanisation effrayante de la sexualité. C’est l’histoire d’un individualisme devenu fou qui pourrit tout.
Je redoute le retour des hommes enfermés dans cette culture pornographique dans le monde réel.
Comment réagiront-ils devant une femme ne cédant pas à leurs désirs ? Seront-ils capables de désirer celle qui ne sera pas le simple fruit de leur imagination ?
Gageons que certains voudront retourner dans le monde aliéné du sexe robotisé. Quelle tristesse.
Quoi qu’on en pense, l’être humain n’est pas remplaçable par un écran ou un robot.