Le ministre Barrette reconnaît une « période d’essoufflement »
La réforme serait en partie responsable des congés de maladie psychologique
La hausse des congés de maladie psychologique dans le réseau de la santé est en partie liée à la réforme de 2015, reconnaît le ministre Gaétan Barrette, qui avait prévu cette période d’essoufflement.
« C’est documenté que, dans une réforme […], il y a une période d’essoufflement. C’est là où on en est », répond au Journal le ministre de la Santé Gaétan Barrette.
« Mais il ne faut pas penser qu’on vit une situation permanente. C’est une situation prévisible et prévue, dit-il. […] Mais comme toutes les fois, je suis convaincu que les choses vont revenir à la normale. »
Hier, Le Journal révélait que le nombre d’employés du réseau de la santé en arrêt de travail pour cause de santé mentale a augmenté depuis quelques années. Les données ont été compilées grâce à la Loi d’accès à l’information.
Au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-est, le nombre de dossiers pour santé psychologique ouverts depuis cinq ans a bondi de 55 %.
Pression accrue, clientèle plus lourde, manque de reconnaissance : de nombreux employés ont dénoncé la détérioration des conditions de travail, surtout depuis la réforme du réseau, en 2015.
« Le ministre a une vision très mécanique de la santé, déplore Diane Lamarre, députée du Parti québécois et porte-parole en matière de santé. Les dimensions de santé mentale, c’est très difficile de le mobiliser. »
« TRÈS PRÉOCCUPANT »
« C’est très préoccupant, ajoute Lise Lavallée, députée de la Coalition avenir Québec (CAQ) et porte-parole en santé publique. J’espère que le ministre va prendre acte et s’assurer que le climat de travail redevienne un peu plus sain. »
À cet égard, le ministre Barrette se dit préoccupé par cette situation, observée depuis plusieurs années.
Il souhaite d’ailleurs que des mesures d’aide soient mises en place, sans toutefois donner d’exemple concret.
« La question qu’on se pose, c’est qu’est-ce qu’on peut mettre en place comme mesure pour diminuer, et idéalement renverser cette tendance-là », dit-il.
Par ailleurs, celui-ci assure que les gestionnaires du réseau prennent ce problème au sérieux.
Selon Mme Lamarre, l’austérité instaurée depuis l’arrivée du Dr Gaétan Barrette dans le réseau est en cause.
« Les conditions de travail se sont détériorées, et ce qui devait être temporaire devient permanent », dit la députée.
TROP AUX MÉDECINS
Selon cette dernière, une partie des sommes allouées en hausses de revenu aux 20 000 médecins québécois devrait retourner aux quelque 270 000 employés du réseau.
« On a siphonné le système public, mais ce sont eux qui s’occupent des patients vulnérables », soutient Mme Lamarre.