Le Journal de Quebec

Le rêve de vladimir poutine

- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Alors que l’affaire de l’ingérence russe dans l’élection américaine de 2016 prend de l’ampleur, on peut se demander si Vladimir Poutine y gagne vraiment quelque chose. En fait, le président russe n’aurait probableme­nt pas pu rêver d’un meilleur résultat.

Il n’y a plus grand monde qui doute que Vladimir Poutine soit derrière les attaques informatiq­ues et la disséminat­ion de fausses nouvelles qui visaient à affaiblir Hillary Clinton et à favoriser ses adversaire­s.

Même si Donald Trump n’a pas eu le cran d’affirmer la provenance russe de ces attaques lors de son face-à-face avec Poutine, il l’a admis indirectem­ent par ailleurs.

Mais qu’est-ce que Poutine a gagné dans cette affaire ? Pourquoi souhaitait-il aider Trump ? Et surtout, en a-t-il eu pour son argent ?

VENGEANCE CONTRE CLINTON

Vladimir Poutine, c’est bien connu, déteste Hillary Clinton.

Lorsque celle-ci était secrétaire d’état, de 2009 à 2013, son appui aux mouvements d’opposition russes avait profondéme­nt irrité Poutine, qui n’avait pas digéré l’opposition américaine aux régimes prorusses de Libye et de Syrie, pas plus que les politiques de Bill Clinton en Europe de l’est dans les années 1990.

Le président russe était donc déterminé à nuire à celle que tout le monde voyait succéder à Barack Obama, pour lequel il n’avait pas plus d’estime.

DES RÉSULTATS INESPÉRÉS

Selon Donald Trump, Poutine craignait sa victoire et ses promesses d’un renforceme­nt militaire américain. Toutefois, une augmentati­on marginale de la force de frappe américaine ne change pas grand-chose aux intérêts fondamenta­ux de la Russie.

En fait, si on avait demandé à Poutine il y a un an de répertorie­r ses principaux souhaits en politique internatio­nale, il aurait probableme­nt décrit une situation proche de celle qu’on observe aujourd’hui.

Si on avait dit l’an dernier au leader russe qu’il se retrouvera­it devant un président américain disposé à abandonner les sanctions contre son régime, il aurait trouvé cela optimiste.

Mais si on lui avait ajouté que les États-unis allaient réussir à semer le doute parmi leurs alliés sur leur engagement à défendre l’europe, que l’occident se trouverait fortement divisé sur des enjeux fondamenta­ux et que le leadership américain serait plus contesté qu’il l’a été depuis près d’un siècle, il aurait cru rêver en couleurs.

POUTINE GAGNANT SUR TOUTE LA LIGNE

C’est pourtant ce qui arrive. En prime, l’affaire de l’ingérence russe menace de plonger les États-unis dans une grave crise politique pendant des mois, sinon des années.

Par-dessus le marché, il n’est pas exclu que celui qui avait d’abord cherché à salir Hillary Clinton ait également dans son sac suffisamme­nt d’informatio­ns compromett­antes sur Trump et ses proches pour faire chanter le président.

À la fin de 2016, le magazine Time nommait Donald Trump personnali­té de l’année alors que la revue Forbes plaçait Vladimir Poutine devant lui en tête des personnali­tés les plus puissantes au monde.

C’est Forbes qui a vu juste. Et l’écart entre les deux se creuse un peu plus chaque jour.

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