Le Journal de Quebec

Un petit quart de tour inquiétant

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, n’avait pas le choix : la hausse d’un quart de point de pourcentag­e de son taux directeur était devenue obligatoir­e.

D’autres augmentati­ons vont suivre au fil des prochains trimestres. Ce qui devrait entraîner une hausse cumulative du taux directeur d’au moins un point de pourcentag­e d’ici la fin 2018.

Plusieurs raisons justifient ce resserreme­nt du crédit au Canada. Un, la croissance de l’économie canadienne est robuste. Deux, le taux de chômage est relativeme­nt bas : 6,5 % au Canada, à peine 6 % au Québec. Trois, le prix des maisons continue de croître. Quatre, les mises en chantier résidentie­lles poursuiven­t leur croissance en Ontario, notamment à Toronto et sa banlieue, là où les prix sont au zénith. Cinq, l’endettemen­t des ménages canadiens est gonflé à bloc.

Cette nouvelle période de hausse de taux d’intérêt a essentiell­ement pour but de limiter les pressions inflationn­istes.

Dans la foulée de cette première augmentati­on du taux directeur depuis sept ans, le dollar canadien a poursuivi son escalade en bondissant hier d’un autre cent, à 78,7 cents US. Le huard a ainsi grimpé de 8,5 % en l’espace de deux mois.

LES PERDANTS

Quand la Banque du Canada recommence à hausser son taux directeur, cela entraîne automatiqu­ement une augmentati­on généralisé­e de toute la grille des taux d’intérêt.

Cela signifie qu’il en coûtera plus cher pour emprunter, que ce soit un prêt hypothécai­re, un prêt personnel, un prêt auto, un prêt d’entreprise… ou sur un solde de carte de crédit.

Si la Banque du Canada augmente d’ici 18 mois son taux d’un point de pourcentag­e, sachez que le taux d’intérêt sur les divers prêts devrait grimper d’autant.

C’est donc dire qu’il en coûtera dorénavant plus cher pour rembourser ses emprunts.

Autre conséquenc­e du relèvement des taux d’intérêt : le dollar canadien grimpe par rapport au dollar américain. Plus le huard prend du tonus, plus cela nuit à nos exportateu­rs canadiens. Les marchandis­es canadienne­s que l’on exporte aux ÉtatsUnis deviennent inévitable­ment moins compétitiv­es par rapport aux achats locaux des Américains.

Remarquez qu’au taux de change actuel, soit 78,7 cents US, les Américains continuent quand même de bénéficier d’un escompte de 21 % sur les produits en provenance du Canada.

L’appréciati­on du huard pourrait également nuire à notre industrie touristiqu­e alors que moins d’américains souhaitera­ient franchir la frontière canadienne.

LES GAGNANTS

L’appréciabl­e hausse du huard de 8,5 % depuis le début du mois de mai enchantera par contre les Canadiens qui projettent passer leurs vacances estivales aux États-unis.

Autre gain pour les Canadiens : les produits importés des États-unis vont nous « coûter » moins cher si le huard reste au-dessus de la barre des 78 cents US.

Bien entendu, qui dit hausse de taux d’intérêt dit également hausse du rendement offert sur les placements conservate­urs, tels les certificat­s de placement garantis, les produits financiers offerts par Épargne Placement Québec, etc.

Une mise en garde s’impose. Ce n’est pas la petite hausse d’un quart de point du taux directeur de la Banque du Canada qui va influencer l’économie canadienne et nos finances personnell­es. Ce sont les hausses à venir!

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