Message du Curateur public du Québec
À titre de curateur public du Québec, je suis chargé de la protection des personnes inaptes, soit celles qui ne sont plus en mesure de prendre soin d’elles-mêmes ou de leurs biens à la suite d’un accident, d’un traumatisme crânien, de problèmes de santé mentale ou d’une maladie dégénérative.
Je suis sensible à la réalité des personnes inaptes et de leurs proches et aux moments parfois difficiles qu’ils peuvent vivre. J’ai à coeur d’agir dans leur intérêt. Même si le Curateur public existe depuis plus de 70 ans, des perceptions erronées sur notre rôle circulent encore aujourd’hui. L’une veut qu’il soit nécessaire d’ouvrir un régime de protection quand une personne devient inapte, ce qui n’est pas toujours le cas, car il s’agit d’un geste grave qui prive la personne de certains de ses droits.
Au Québec plus de 160,000 adultes seraient inaptes mais seulement environ 34,000 d’entre eux ont un régime de protection (tutelle curatelle ou mandat homologué). Pour plusieurs inaptes, le soutien et l’engagement des proches est suffisant. Je constate aussi beaucoup de confusion quand au rôle du Curateur public et je comprends que dans des moments difficiles, des familles pensent au Curateur public pour s’occuper d’un proche devenu inapte. Pourtant un citoyen ne peut pas décider par lui-même de confier une personne inapte au Curateur public. La curatelle ou la tutelle publique sont des solutions de dernier recours et c’est un tribunal qui décidera de confier la personne au Curateur public si aucun proche ne peut ou ne veut accepter cette charge.
Lorsqu’il est nommé représentant légal, le rôle du Curateur public est d’exercer les droits civils de la personne inapte, d’administrer le budget dont elle dispose et de s’assurer qu’elle obtienne les services auxquels elle a droit. Je rappelle ici que le Curateur public n’est toutefois pas un proche aidant, car rien ne peut remplacer la présence bienveillante d’un proche dans la vie d’une personne inapte. C’est d’ailleurs ce que privilégient 9 Québécois sur 10 selon un récent sondage. J’encourage donc les Québécois à prévoir qui s’occupera d’eux s’ils devenaient inaptes, et je leur rappelle que la meilleure fa- çon de s’y préparer est de remplir son mandat de protection. Normand Jutras, curateur public du Québec
Je sais que vous m’avez fait parvenir cette mise au point suite au commentaire d’une correspondante qui expliquait comment on s’y était pris dans sa famille pour confier un frère inapte à la curatelle publique. Car même si je conçois qu’il est préférable de confier les personnes inaptes aux soins d’un ou plusieurs membres de sa propre famille, il arrive des cas où la curatelle publique s’avère l’unique solution. Merci d’avoir pris le temps de clarifier votre rôle et d’insister aussi sur l’obligation que nous avons tous individuellement de rédiger une procuration avec mandat en cas d’inaptitude.