Pékin critiqué après la mort du prix Nobel et dissident chinois Liu Xiaobo
SHENYANG | (AFP) Le dissident Liu Xiaobo, premier prix Nobel de la paix chinois, est mort hier d’un cancer sans que le régime communiste le laisse finir ses jours en liberté à l’étranger, ce qui vaut à Pékin une pluie de critiques.
Le comité Nobel de la paix a accusé la Chine de porter « une lourde responsabilité » dans la mort « prématurée » de l’opposant en le privant de soins médicaux adaptés.
Liu Xiaobo est le premier prix Nobel de la paix à mourir privé de liberté depuis le pacifiste allemand Carl von Ossietzky qui, alors détenu par les nazis, s’était éteint en 1938 dans un hôpital.
« COURAGEUX COMBATTANT »
La chancelière allemande Angela Merkel a salué en Liu Xiaobo « un courageux combattant » des droits civiques, tandis que le Haut-commissaire aux droits de l’homme de L’ONU l’a qualifié de « vraie incarnation » des valeurs démocratiques et que le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a relevé qu’il avait « consacré sa vie à l’amélioration de l’humanité ».
« Liu Xiaobo aurait dû être autorisé à choisir son propre traitement médical à l’étranger, ce que les autorités chinoises l’ont empêché de faire à plusieurs reprises », a critiqué le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson
Le président du Conseil européen Donald Tusk et celui de la Commission européenne Jean-claude Juncker ont appelé Pékin à « la libération de tous les prisonniers de conscience ». Le chef de la diplomatie française Jean-yves Le Drian a souhaité que « les autorités chinoises assurent la liberté de mouvement de son épouse, Mme Liu Xia, de sa famille et ses proches ».
Âgé de 61 ans, Liu Xiaobo, symbole de la lutte pour la démocratie dans le pays le plus peuplé du monde, avait été admis à l’hôpital universitaire N° 1 de Shenyang après plus de huit années passées en détention.
DIAGNOSTIC
Ancienne figure de proue du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989, l’écrivain et professeur de littérature avait bénéficié d’une mise en liberté conditionnelle après le diagnostic en mai d’un cancer du foie en phase terminale.
Il est mort aux côtés de sa femme Liu Xia, à qui il a souhaité de « bien vivre » désormais sans lui, a déclaré hier soir l’un de ses médecins, Mme Teng Yue’e, lors d’une conférence de presse.
Le dissident avait fait savoir qu’il souhaitait suivre un traitement à l’étranger, un appel relayé par la communauté internationale, mais rejeté par la Chine qui y voyait une ingérence dans ses affaires intérieures.