Sous le charme de Gorillaz
Le dynamique meneur Damon Albarn séduit les plaines d’abraham lors sa première performance à Québec
L'attente en valait largement la peine. À sa toute première visite en carrière à Québec, avec son groupe Gorillaz, le dynamique Damon Albarn a fait craquer – et danser à volonté – les plaines d'abraham avec son sens inné du spectacle. Une vraie bête de scène.
Quel meneur de foule et quelle présence ce Albarn! Même si cinq musiciens, six choristes, des chanteurs invités et des projections vidéo accompagnaient la formation britannique, qui mélange divers styles musicaux du hip hop à l'électro-pop, c'était impossible de détacher notre regard de cet artiste d'exception.
Les festivaliers, en nombre respectable même s'ils se sont fait tirer l'oreille en ce lendemain de veille de Metallica, n'ont opposé aucune résistance. Quand Gorillaz jouait des titres moins connus, le party se poursuivait.
Celui qu'on a connu comme chanteur de Blur, il y a 25 ans, a semblé touché par la réaction du public. « Québec, je crois que je t'aime », a-t-il lancé, l'air franchement heureux.
HABITÉ
Guitare à la main, Albarn a pris possession des Plaines en un rien de temps en lançant le concert en mode rock avec M1A1. Un choix judicieux dans une ville folle du genre.
Puis, Ascension a permis aux fans du nouvel album Humanz d'aiguiser leurs cordes vocales avant qu’albarn se fasse prédicateur pendant Last Living Souls. Complètement habité, tantôt au mélodica, tantôt au piano, il s'est mis à se tortiller d'excitation durant Rhinestone Eyes. Il s'est aussi permis des bains de foule, dont une balade à travers les spectateurs de la zone avant-scène.
Attendus des fans de longue date, les personnages virtuels de Gorillaz, 2D, Murdoc Niccals, Noodle et Russel Hobbs, ont fait leur apparition sur l'écran géant durant Tomorrow Comes Today, un des quatre titres au programme du premier album du groupe.
AMBIANCES VARIÉES
Avec autant de musiciens et des invités comme Kelela et Danny Brown, qu'on avait vus en première partie, Gorillaz a pu varier habilement les ambiances. Une ballade comme Busted and Blue sur les Plaines ? Audacieux, mais efficace.
Jamie Principle, un autre qui a gagné des fans, a soulevé le parterre avec une joyeuse Sex Murder Party. Peven Everett a aussi fait sentir sa présence quand Stylo a mis le feu aux poudres au rappel. La machine Gorillaz s'est alors déployée dans toute sa puissance.
Mais la vraie communion, elle est surve- nue quand Albarn a joué les premières notes de Clint Eastwood. Déjà bien réchauffées, les Plaines ont vibré d'un plaisir juvénile qui était beau à voir. Pour Gorillaz, dont plusieurs avaient mis en doute la présence en tête d'affiche, c'était mission accomplie.
BROWN : « ALLEZ PRENDRE UN VERRE »
Comme Kendrick Lamar la semaine dernière, le rappeur Danny Brown a lancé un jab à la très dégarnie et peu enthousiaste zone avant-scène une demi-heure après le début de sa prestation. « Prenez ça relax, allez prendre un verre, je vais jouer pour eux », a lancé Brown en riant, en désignant les festivaliers en admission générale qui avaient du plaisir.
Et il a tenu parole. C'est donc en priorité aux détenteurs de bracelets en admission générale qu'il a balancé son hip hop aux beats pesants. Danny Brown, à en juger par la réaction de la foule, compte une bonne base de fans à Québec.