Le Journal de Quebec

Seulement 38 plaintes contre la SQ ont mené à des accusation­s

Depuis 10 ans, le corps policier a mené 725 enquêtes criminelle­s sur ses membres

- MICHAËL NGUYEN

À peine 5 % des enquêtes criminelle­s menées par la Sûreté du Québec (SQ) sur ses propres policiers depuis 2007 ont abouti à des condamnati­ons, révèlent des documents publiés par le corps policier.

Dans les 10 dernières années, la SQ a mené pas moins de 725 enquêtes criminelle­s sur ses propres membres. Les plaintes sont variées, allant de la fraude aux voies de fait, en passant par les agressions sexuelles ou la conduite dangereuse.

Mais de ce nombre, la grande majorité des plaintes ont été classées « non fondées », selon un document rendu public par la Loi d’accès à l’informatio­n. Aussi, 79 dossiers sont encore en cours.

ABSOLUTION­S

Depuis 2007, seulement 38 plaintes ont mené à un verdict de culpabilit­é. Cela inclut entre autres sept cas de fraude, cinq de voies de fait et deux agressions sexuelles. De ce nombre, seulement cinq ont écopé d’une peine d’incarcérat­ion. Mais presque la moitié s’en sont tirés à bon compte puisqu’ils ont pu profiter d’une absolution, c’est-à-dire une absence de casier judiciaire.

Ces chiffres ne surprennen­t pas Me Mia Manocchio, présidente de l’associatio­n québécoise des avocats et avocates de la défense, qui rappelle que pour obtenir l’absolution, il faut démontrer que l’option est dans l’intérêt supérieur de l’accusé, mais aussi de la société.

« La jurisprude­nce indique que s’il s’agit d’un policier, à moins de circonstan­ces exceptionn­elles, il peut en général obtenir l’absolution, dit-elle. Mais ça va souvent être refusé dans les cas très graves ou si le crime a été commis dans l’exercice de ses fonctions. »

L’avantage pour les policiers, ajoute-telle, est qu’ils n’ont pas de casier judiciaire. Car du moment qu’un représenta­nt des forces de l’ordre est reconnu coupable d’une infraction portée par voie criminelle, il est immédiatem­ent destitué. Et dans tous les cas, la fin du processus judiciaire ne signifie pas que les ennuis sont terminés.

« Même si un policier est acquitté ou obtient une absolution, il doit faire face à un comité de discipline », explique le capitaine Guy Lapointe, porte-parole de la Sûreté du Québec.

Dans ce cas, ajoute-t-il, le comité se penchera sur la prépondéra­nce des probabilit­és, c’est à dire quelle version est la plus crédible. Au criminel, le fardeau est beaucoup plus élevé, puisqu’il faut démontrer hors de tout doute raisonnabl­e la culpabilit­é d’un accusé.

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