« Une goutte amère de plus » – Michel Rivard
La chanson francophone absente d’une compilation canadienne
« Choqué mais pas surpris », Michel Rivard dénonce l’absence de chansons en français dans un coffret compilation de six disques de musique canadienne lancé par Universal Music Canada pour souligner les 150 ans de la Confédération.
« C’est une goutte amère de plus dans l’océan des multiples solitudes (je pense à la culture autochtone) qu’est le Canada », a déclaré dans un courriel transmis au Journal celui qui agissait comme porte-parole de la fête nationale du Québec, le mois dernier.
Depuis que le chroniqueur disque du Journal, André Péloquin, a relevé l’absence de chansons françaises dans Canada 150 : A Celebration of Music, une vaste compilation lancée le 30 juin, les dénonciations fusent. Il n’y a là pourtant rien d’étonnant, se désole Michel Rivard.
« À part une légère ouverture d’esprit dans les années 1970, où des stations comme CHOM-FM diffusaient du rock québécois, à part quelques amateurs de chanson francophone isolés dans ce grand territoire, le Canada anglophone a toujours igno- ré la culture chansonnière québécoise ou canadienne francophone. »
« DEUX CHOSES DIFFÉRENTES »
Cette controverse survient une semaine après la divulgation de la courte liste du prix Polaris, remis annuellement au meilleur album canadien. Pour une sixième année de suite, aucun album francophone n’a pu se trouver une place parmi les 10 finalistes de cette récompense par un panel de critiques musicaux.
Outre Michel Rivard, l’affaire Canada 150 a fait réagir quelques artistes sur les réseaux sociaux.
« À force de se faire répéter que le Québec et le Canada, c’est deux choses différentes, on devrait finir par comprendre », a notamment écrit Dan Bigras.
Actuellement en vacances, le ministre québécois de la Culture, Luc Fortin, n’a pas répondu à une demande d’entrevue à ce sujet. À son cabinet, son responsable des communications a cependant fait savoir que cette omission n’avait « aucun sens ».
DES QUÉBÉCOIS... EN ANGLAIS
Les sélectionneurs de Universal ont pourtant inclus des artistes québécois, mais la totalité chante en anglais. On retrouve entre autres Corey Hart, Bobby Bazini, Leonard Cohen, Daniel Lanois et quelques autres. Céline Dion y est, mais on a choisi My Heart Will Go On.
Encore plus étrange, aucun Québécois, pas même Cohen ni Dion, n’a pu se tailler une place dans l’édition « ICON » d’un CD qui, comme son nom l’indique, renferme des pièces d’artistes canadiens parmi les plus renommés.
DES EXCUSES
Universal a présenté des excuses officielles, hier, sur sa page Facebook. D’abord en anglais, puis en français, la multinationale a reconnu « une erreur d’omission ». « L’absence d’un répertoire francophone constitue un oubli difficilement explicable, qui ne reflète en rien nos valeurs. »
« Nous prendrons des mesures pour réparer cette offense », a ajouté Universal, sans spécifier quelles mesures spécifiques seront prises.
Quant à la raison derrière cet « oubli », il a été impossible d’en savoir plus étant donné que toutes les demandes d’entrevue depuis le début de la semaine ont été ignorées.