Barguil brille dans les Alpes
Le Français remporte la 18e étape pendant que Chris Froome résiste à 3 jours de la fin
Briançon | (AFP) L’izoard, l’un des cols mythiques des Alpes, a consacré Warren Barguil, vainqueur hier de la 18e étape du Tour de France, mais aussi le Britannique Chris Froome, qui a su résister aux attaques de Romain Bardet dans la dernière arrivée au sommet.
À deux étapes de la fin, Froome semble bien parti pour remporter sa quatrième Grande Boucle après 2013, 2015 et 2016. Le leader de la Sky devra cependant valider son maillot jaune, demain, au terme de la 20e et avant-dernière étape, un contre-lamontre de 22,5 kilomètres à Marseille, qui s’annonce déterminant.
« J’ai fait le plus difficile », a d’ailleurs soufflé le natif de Nairobi.
« La victoire d’étape, cela aurait été formidable si j’avais pu gagner au sommet du col le plus emblématique du Tour, mais mon but est d’avoir le maillot jaune. Si j’arrive à Paris en jaune, je n’aurai aucun regret. »
À l’altitude de 2360 mètres, Barguil a remporté un succès de prestige, son deuxième dans le Tour après celui de Foix le 14 juillet. Le jeune Breton, âgé de 25 ans, qui a assuré son maillot à pois de meilleur grimpeur, a signé la cinquième victoire d’étape française depuis le départ du Tour 2017.
Pour le classement général, Bardet a attaqué et tenté de forcer le destin. Le champion français est allé au bout de luimême sans parvenir à distancer Froome, qui a terminé dans sa roue.
Épuisé après sa troisième place, à 20 secondes de Barguil, Bardet a reconnu : « J’ai cru que j’allais m’asphyxier en passant la ligne. J’ai vraiment tout donné ! »
BARDET DÉLOGE URAN DE LA 2e PLACE
Bardet a mis à profit cette dernière étape de montagne afin de déloger le Colombien Rigoberto Uran de la deuxième place, à trois jours de l’arrivée à Paris. Pointé à 23 secondes de Froome, il s’est fort probablement assuré une place sur le podium final.
Uran a contrôlé les démarrages successifs de Bardet et aussi de Froome à l’entrée de la Casse déserte, à 2 kilo- mètres de l’arrivée. Dans ce site dénudé, abrupt, grandiose, le possible ou probable podium final (Froome, Uran, Bardet) a défilé à toute vitesse sans avoir le temps de méditer sur la stèle qui honore deux champions légendaires, Fausto Coppi et Louison Bobet.
Tenace à défaut d’être brillant, Uran a seulement été légèrement décroché dans les derniers mètres. Il a reculé d’un rang, à la troisième place du classement général provisoire, à 29 secondes du maillot jaune.
Dans l’izoard, transformée en course de côte format géant (14,1 km et 7,3 % de pente), Barguil a attaqué à 7 kilomètres du sommet. À 1500 mètres du sommet, il a rejoint le dernier rescapé de l’échappée initiale de... 54 coureurs, le Colombien Darwin Atapuma, qui avait débordé le Kazakh Alexey Lutsenko avant les 6 derniers kilomètres.
BARGUIL NOUVEAU VIRENQUE
Atapuma, qui voulait honorer le jour de fête nationale dans son pays, a lâché prise sous la flamme rouge, mais il est parvenu à franchir la ligne devant Bardet et Froome.
Au col, Barguil a levé les doigts vers le ciel pour rendre hommage à ses deux grands-pères décédés. « Je suis plus haut que les nuages », a dit ensuite le Morbihannais. « Je suis sur une autre planète. »
Auteur d’un Tour enthousiasmant depuis l’entrée en montagne, le Morbihannais a d’autant plus apprécié qu’une chute au Tour de Romandie, fin avril, l’a contraint à un arrêt pour soigner un trait de fracture à une hanche. Quinze mois plus tôt, c’était un accident de la circulation, lors d’un stage d’entraînement en Espagne, qui l’avait envoyé à l’hôpital.
De caractère joyeux, Barguil a endossé le maillot à pois popularisé par Richard Virenque dans les années 1990 et 2000. Mais, a-t-il prévenu, « si je reviens au Tour l’année prochaine, avec les mêmes jambes, je pense que [jouer] le général est possible ».
« Dans les prochaines années, il y aura plusieurs Français qui joueront la gagne sur le Tour et c’est bien ! », a déclaré en écho Bardet, qui n’a pas manqué de saluer la performance de Barguil.