Le Journal de Quebec

La vie dans une commune

Une vingtaine de personnes de 55 à 85 ans cultivent ensemble sur une terre à Mirabel

- MAGALIE LAPOINTE

MIRABEL | Une vingtaine d’amis dont la plupart se sont rencontrés en voyage ont vendu leurs avoirs pour acheter ensemble une terre de 2,3 M$ à Mirabel en 2008, où ils habitent et cultivent des légumes qu’ils donnent en partie aux démunis.

Ils ont été chimiste, comptable ou coiffeuse pendant des décennies et proviennen­t des quatre coins du Québec. Ils avaient envie de vivre leur retraite simplement en faisant un retour à la terre et en troquant leur ordinateur pour des pelles et des pioches.

Ils n’ont jamais autant travaillé, mais n’ont jamais été aussi heureux.

Leur mode de vie n’est pas sans rappeler les communes des années 1960, alors qu’ils vivent à 10 sous le même toit en partageant les repas, leur cour arrière, leur bureau de travail, leur divan et leurs oeuvres. Sauf qu’ils sont presque tous à la retraite et qu’ils ont entre 55 et 85 ans.

Dans chaque pièce, les colocatair­es ont essayé de garder un article de chacun d’entre eux.

Les 10 autres membres habitent encore dans leur maison, mais vont régulièrem­ent travailler à la terre.

« Pendant les deux ou trois premières années, on s’est fait questionne­r et juger. Les gens nous demandaien­t si nous vivions dans une secte ! Même ma fille m’a demandé si j’étais certaine de vouloir vivre avec autant de personnes tous les jours. Personne autour de nous ne croyait que ça durerait », s’est exclamée une ancienne directrice du marketing, Lucilia Albernaz, qui a eu l’idée de fonder La route des gerbes d’angelica.

Mais près de 10 ans plus tard, 19 des 20 membres fondateurs sont toujours présents, l’autre étant décédé depuis.

80 HEURES PAR SEMAINE

Même à plus de 80 ans, les membres peuvent travailler jusqu’à 80 heures par semaine pour entretenir l’immense domaine de 94 acres puisqu’ils font presque tout à la main avec très peu de machinerie.

Mais le résultat en vaut vraiment la peine, alors que les 14 jardins avec des thématique­s différente­s attirent des milliers de visiteurs.

Depuis l’ouverture au public, en 2010, 62 000 plants ont été mis en terre à la main, sans compter les fontaines, les oeuvres artisanale­s en majorité importées d’indonésie qui doivent être assemblées à leur arrivée, les décors qui doivent être peints, la conception de ceux-ci et les énormes roches qui ont dû être déplacées.

POUR LES DÉMUNIS

Les visiteurs qui vont voir le domaine permettent à la Route des gerbes d’angelica de pouvoir avoir un revenu qui permet à ses habitants de vivre et de payer leurs dépenses, mais les membres de la commune sont particuliè­rement fiers de pouvoir donner tous leurs légumes et fruits qu’ils ont en surplus aux démunis des Laurentide­s.

« Donner aux démunis est le fondement de notre organisme. Même l’argent qu’on reçoit en pourboire, on le redonne aux plus démunis. Au départ, on souhaitait donner aux pauvres et laisser un héritage aux génération­s futures », a expliqué la directrice générale, Mme Albernaz.

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 ??  ?? Lucilia Albernaz, 58 ans, est une ancienne directrice de marketing maintenant retraitée. Elle est la conceptric­e des jardins et elle vient de Longueuil. Son conjoint, Michel Ouimet, est également un membre fondateur qui habite dans la résidence de...
Lucilia Albernaz, 58 ans, est une ancienne directrice de marketing maintenant retraitée. Elle est la conceptric­e des jardins et elle vient de Longueuil. Son conjoint, Michel Ouimet, est également un membre fondateur qui habite dans la résidence de...

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