MEURTRE SUR UNE plateforme off-shore
Bernard Minier – Nuit
Après Glacé, adapté en télésérie, Le cercle et N’éteins pas la lumière, le prodigieux Bernard Minier redonne du service à son héros Martin Servaz dans une histoire terrifiante se déroulant en partie sur une plateforme de forage off-shore dans la mer du Nord, Nuit.
Martin Servaz fait cette fois équipe avec une inspectrice norvégienne, Kirsten Nigaard. Elle est chargée d’enquêter sur le meurtre sordide d’une technicienne sur la base off-shore de Statoil. Sur cette plateforme de forage subissant les tempêtes d’une mer du Nord déchaînée, un homme manque à l’appel : Julian Hirtmann, le tueur insaisissable que Martin Servaz tente d’épingler depuis des années.
En fouillant sa cabine, Kirsten découvre une série de photos. Servaz apparaît sur plusieurs d’entre elles. Et il y en a une qui dérange plus encore : celle d’un enfant appelé Gustav. Pour le duo d’enquêteurs, il n’y a pas une minute à perdre.
THRILLER EFFICACE
La structure, l’intrigue, les lieux, l’écriture, les personnages : tout est brillamment mené dans ce thriller terriblement efficace.
« J’ai réuni plusieurs éléments dans ce roman. L’idée, c’était de retourner aux sources de Glacé en mettant face à face Hirtmann et Servaz. En réalité, dans Le cercle et dans N’éteins pas la lumière, Hirtmann était un peu en retrait. Là, je voulais que ce soit la rencontre, l’affrontement, le duel – un peu comme dans un western. Et c’est le roman qui ressemble le plus à Glacé », explique Bernard Minier, super en entrevue.
En plus, ajoute-t-il, on retourne à Saint-martin-de-comminges, qui est cette ville fictive que j’avais imaginée dans Glacé. « En même temps, j’avais cette image de la plateforme pétrolière en mer du Nord, au large des côtes de Norvège. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Mais ce qui est certain, c’est que tous mes romans, toutes mes idées me viennent au départ d’une image. Ça commence souvent par un lieu où je peux enfermer mes personnages, les isoler du reste du monde, ce que j’aime bien faire. »
VISITER LES LIEUX
Bernard Minier essaie, dans la mesure du possible, de visiter tous les lieux qu’il décrit dans ses romans. Mais il y a deux exceptions, explique-t-il : la première étant la station spatiale internationale dans N’éteins pas la lumière et la deuxième, la plateforme de forage offshore. « Je me suis rendu en Norvège pour faire des repérages pour le livre. J’ai pris ce fameux train de nuit Oslo-bergen qui est la première scène du livre. »
En revanche, pour visiter la plateforme, il a bien essayé... mais sans succès. « Les compagnies pétrolières n’ont pas tellement envie qu’on vienne fouiller là-dedans et il y avait toute une préparation, un entraînement, des formalités. C’était tellement compliqué que j’ai fini par renoncer. »
À la lecture, on a vraiment l’impression qu’il est monté à bord d’une des 400 plateformes de forage off-shore qui se trouvent en mer du Nord. « Avec internet et Google, tout le monde raconte un peu sa vie sur des blogues, y compris des employés de plateformes pétrolières. Même les pilotes d’hélicoptères se filment en train d’atterrir. Donc tout ce matériau de première main est disponible sur internet – c’est ça qui est important. »
UN PERSONNAGE NOIR ET INQUIÉTANT
Hirtmann, dans Nuit, est extrêmement noir et inquiétant. « Mais dans toute cette pénombre, est-ce qu’il y a quand même une petite lumière ? Est-ce que les pires monstres ont en eux quelque chose qui les relie malgré tout au reste de l’humanité ? Une question à laquelle je n’ai pas la réponse. Mais le livre, d’une certaine manière, apporte la réponse à cette question, avec le personnage de Gustav. On comprend que tout être est plus compliqué qu’il n’y paraît. »