Le Journal de Quebec

Les riches sont meilleurs

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com

« Ce que j’ai appris des gens de Washington… c’est qu’ils n’ont pas d’argent. Et c’est parce qu’ils n’ont pas d’argent qu’ils se battent pour obtenir une bonne place où s’asseoir et un bon titre. Les fucking représenta­nts au Congrès… sont des idiots. »

C’est ainsi que le nouveau directeur des communicat­ions de la Maison-blanche, Anthony Scaramucci, décrivait les élus du peuple américain il y a six mois.

Au lieu de dire bonne chance au directeur sortant, il lui a souhaité de gagner beaucoup d’argent.

Un financier de Wall Street à la tête de crooner, Scaramucci, ami de Trump, incarne les splendeurs et les misères du rêve américain.

PARTI DE RIEN

Né d’une famille ouvrière, il est charmant, intelligen­t, lisse et visqueux comme une couleuvre à langue fourchue. Et riche.

Il a fait son droit à Harvard avant d’atterrir chez Goldman Sachs, la bête noire de Trump pendant la campagne électorale, où il a néanmoins recruté sept de ses plus proches collaborat­eurs à la Maison-blanche.

Scaramucci a mangé à toutes les auges politiques : Obama en 2008, Romney en 2012, Scott Walker et Jeb Bush pendant la campagne de Trump à la chefferie républicai­ne en 2016. En fin de présidenti­elle, ce fin renard s’est lié d’amitié avec Jared Kushner, le beau-fils plaqué or du futur président.

En point de presse vendredi, Scaramucci n’a cessé de dire « I love the president ».

Autrefois pro-choix, procontrôl­e des armes à feu, promondial­isation, il prend ce virage extrême parce que Trump, dit-il, comprend les gens ordinaires comme ceux avec qui il a grandi.

Scaramucci, ami de Trump, incarne les splendeurs et les misères du rêve américain

HÉROS DU PEUPLE

Plusieurs se demandent pourquoi les Américains « ordinaires » voient en Trump, un milliardai­re qui veut réduire les impôts des riches, qui ne s’entoure que de riches, un héros du peuple.

Lors d’une assemblée politique au Dakota du Nord, en 2016, Trump a même déclaré : « Il faut être riche pour être un grand homme. »

Selon The Economist, les Américains aiment les riches. Les vrais riches, pas la classe moyenne aisée – profession­nels, cadres, enseignant­s, etc. –, dont ils méprisent les valeurs et la compassion.

Les ex-travailleu­rs du charbon de Virginie-occidental­e, le troisième État le plus pauvre, leur en veulent de s’inquiéter du bien-être d’enfants pas encore nés pour protéger l’environnem­ent alors que leurs enfants, englués dans la misère, ne peuvent gagner leur vie comme mineurs, au lieu de les encourager à étudier.

Mais voilà, selon une étude du Pew Research Center publiée il y a trois jours, 58 % des républicai­ns croient que les collèges et les université­s ont un impact négatif sur le pays.

Dans White Working Class, l’américaine Joan C. Williams explique : « Ils ne rêvent pas de se joindre à la classe moyenne avec des habitudes alimentair­es, familiales et sociales différente­s. Ils rêvent de vivre comme ils ont toujours vécu, mais avec de l’argent. » Et de ne prendre d’ordres de personne, comme Trump.

RÊVE AMÉRICAIN

Trump a recruté un directeur des communicat­ions qui, parce qu’il ne vient pas du monde des médias, n’oubliera jamais que la cible de ses efforts, ce sont les partisans du président et pas les journalist­es.

Et que ses partisans vivent sa richesse par procuratio­n.

Reste à savoir si cela les rend meilleurs à ses yeux.

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