Le Journal de Quebec

« Un sursaut national » à la suite des événements

- KATHRYNE LAMONTAGNE

L’attentat de la mosquée a eu des répercussi­ons tant sur la population, plus sensible aux discours d’extrême droite, que sur certains jeunes radicalisé­s, qui ont senti une vague de soutien, analyse le Centre de prévention de la radicalisa­tion (CPRMV).

« Il y a eu un sursaut national, je dirais », avance Herman Deparice-okomba, directeur du CPRMV, qui tente de dresser un bilan, six mois après les tristes événements.

Aussi dramatique soit-elle, cette attaque a toutefois créé certaines retombées positives, estime-t-il. « Au-delà du drame, ce qu’on retient, c’est que le Québec est une société ouverte. Québec n’est pas raciste. Il y a eu des marques d’affection, de solidarité. Ça, c’est venu montrer que le Québec, ce n’est pas la violence. C’est l’amour », plaide-t-il.

Il cite en exemple la vague d’amour des Québécois envers la communauté musulmane, qui a touché droit au coeur de jeunes radicalisé­s pris en charge par le Centre. « Ils disaient que l’attentat leur avait fait mal, mais qu’ils ne se sentaient plus seuls : que tout le Québec était derrière eux. Ils ont dit : “Pour la première fois, nous nous sommes sentis soutenus, appuyés par tous les Québécois”. Ils l’ont reconnu », soutient M. Deparice-okomba.

LUTTER CONTRE L’EXTRÊME DROITE

L’attentat a aussi mobilisé les citoyens face à l’extrême droite, les appels de dénonciati­on à cet effet ayant d’ailleurs « complèteme­nt bondi », depuis janvier.

« Au début, les gens ne mesuraient peut-être pas l’impact des discours de haine. Quelqu’un qui écrivait sur Facebook “Sale Arabe, retourne chez toi!”, les gens disaient qu’il était égaré, sans plus. Maintenant, les gens ont vu l’ampleur du phénomène, ils nous appellent », dit-il.

Le Centre suit d’ailleurs de près cinq groupes d’extrême droite, dont la Meute. Herman Deparice-okomba déplore le double discours de la formation, une « pépinière de la haine » qui affirme lutter contre l’extrémisme radical.

« La Meute s’est opposée au cimetière musulman. Quel est le lien entre l’islam radical et le cimetière? La mort, c’est le dernier sanctuaire du respect de l’humanité. Quand on meurt, il n’y a plus de couleur, plus de religion. Je ne vois pas de lien », résume-t-il.

À la suite de l’attentat, il importe maintenant, selon lui, de construire un « Québec solidaire, humaniste, respectueu­x des différence­s » et de lutter contre les discours d’extrême droite. « On doit bâtir avec ce genre d’événements. On doit sortir grandi de ça », termine-t-il.

Bien que le maire se soit montré réticent à cette idée, le Centre travaille toujours sur la possibilit­é d’ouvrir une antenne dans la capitale, où deux employés travaillen­t à temps plein, depuis un an. Il aimerait doubler les effectifs et ouvrir un bureau, pas « parce qu’il y a un problème à Québec », mais pour se rapprocher des citoyens, des milieux communauta­ires et des écoles de la province.

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