Nos voisins en froid avec les vignerons québécois
Les Américains ont écrit aux négociateurs de L’ALENA
Les producteurs de vin américains s’en prennent aux vignerons québécois qui ont maintenant le droit de vendre en épicerie, dans une lettre envoyée aux négociateurs américains pour la révision de L’ALENA.
« C’est assez aberrant, nous ne sommes qu’une goutte d’eau dans la mer. On ne produit même pas 1 % de la consommation québécoise, c’est marginal, mais les Américains n’en ont jamais assez », dénonce Charles-henri de Coussergues, du Vignoble de l’orpailleur et administrateur à l’association des vignerons du Québec.
L’industrie du vin américain a récemment envoyé une lettre aux négociateurs américains qui discuteront avec le Canada et le Mexique pour modifier l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Elle leur a demandé de mettre fin aux « mesures foncièrement discriminatoires » qui existent encore entre les États-unis et les deux autres pays.
« Comme l’industrie du vin canadien a connu une croissance considérable depuis que L’ALENA est entré en vigueur, ses dispositions touchant le marché du vin devraient être modernisées afin de permettre aux vins américains un accès sans discrimination et sans exception », lit-on dans la missive. Il se vend pourtant au Canada environ 34 millions de bouteilles de vin uniquement de la Californie. La bouteille la plus vendue à la SAQ est aussi californienne. Les Américains possèdent 14,2 % du marché du vin au Canada, selon les chiffres de l’association des vignerons du Canada. Cette dernière souhaite quant à elle que les négociations, qui devraient démarrer à l’automne, leur permettent d’élargir leur marché vers les États-unis, en permettant notamment la vente en ligne directement aux consommateurs.
NE PAS PERDRE LES ÉPICERIES
Les producteurs de vin des ÉtatsUnis s’en prennent spécifiquement à la Colombie-britannique et à l’ontario, et reprochent notamment au Québec le privilège qu’ont les vignerons de vendre leurs produits en épicerie.
Contrairement aux bouteilles importées, les vins du Québec peuvent en effet être vendus en épicerie et au dépanneur depuis décembre dernier. Un privilège que veulent conserver les vignerons chez nous.
« Les Américains disent que le vin québécois a connu une grosse croissance, mais nous sommes encore une très petite industrie. Nous avons encore besoin d’assistance. La vente en épicerie aide les petits vignerons pour qui c’est trop cher de vendre à la SAQ. Si on n’a plus ça, on recule », soutient Anthony Carone, propriétaire du vignoble Carone dans Lanaudière.