MERCI MONSIEUR FILION
un géant des Nordiques s’éteint
Figure emblématique dans le monde du hockey, l’ancien directeur général des Nordiques de Québec, Maurice Filion, est décédé à l’âge de 85 ans, vendredi, provoquant une onde de choc dans la capitale nationale et sur la scène sportive.
L’annonce par la famille de son décès, hier, a tôt fait de susciter de nombreuses réactions parmi les personnes qui l’ont côtoyé, notamment pour souligner son immense contribution dans l’histoire du hockey à Québec, dont il demeure indissociable.
Natif de Montréal, le géant du hockey laisse sa marque dans la Vieille Capitale à la gérance des Nordiques pendant 14 saisons, mais aussi derrière le banc des Remparts où il dirige notamment Guy Lafleur. Celui-ci l’aide d’ailleurs à remporter la Coupe Memorial en 1971.
UN HOMME D’EXCEPTION
Aux yeux de l’ancien président et copropriétaire des Nordiques, Marcel Aubut, Maurice Filion possédait un flair qui faisait du directeur général l’un des meilleurs de sa génération. « Il n’y en avait pas beaucoup de sa trempe », mentionne-t-il en entrevue avec Le Journal.
« J’appelle ça un naturel. C’était quelqu’un qui prenait des décisions avec ses tripes, avec son sixième sens », dit-il, en rappelant que « ce n’était pas le temps des statistiques jour et nuit. C’était vraiment l’expérience, la connaissance du hockey et ce sixième sens qui lui permettaient de faire des échanges et d’aller chercher les joueurs dont on avait besoin. »
Parmi les moments forts de la carrière de Filion, l’entrée des Nordiques dans la Ligue nationale, en 1979, occupe une place de choix, de même que ce match, en 1982, où le Fleurdelisé défait Montréal pour la première fois en séries éliminatoires. Avec Michel Bergeron comme entraîneur-chef, il mènera sa troupe deux fois au troisième tour éliminatoire.
Maurice Filion est aussi appelé à prendre des décisions impopulaires. À ce chapitre, difficile de passer sous silence les échanges de l’attaquant Dale Hunter à la faveur des Capitals de Washington, à l’été 1987, ou ceux de Peter Stastny et Michel Goulet.
Ceux qui ont bien connu Filion sont aussi restés marqués par la force de son caractère. Le maître d’oeuvre des Nordiques savait imposer son autorité tout en faisant preuve de respect. C’était aussi un bon père de famille, se remémore Claude Bédard, qui l’a côtoyé pendant de nombreuses années comme journaliste sportif au Journal.
« C’était un homme qui avait du caractère. C’était un homme ambitieux, discipliné, un homme de devoir aussi. Il savait faire les choses et il était respecté », soutient-il.
« C’était un gentilhomme et un monsieur sur toute la ligne, quelqu’un qui avait énormément de crédibilité dans le domaine du hockey. C’est vraiment triste. C’était un homme droit comme un chêne », a pour sa part réagi Jean Martineau, qui a rejoint la franchise en 1986 pour en gérer les communications, ce qu’il fait encore aujourd’hui… pour l’avalanche du Colorado.