Le Journal de Quebec

Un drame qui laisse des traces

En 1974, une grenade avait tué six cadets à Valcartier

- Jean-françois Racine l JFRACINEJD­Q

Au cours des cinq dernières décennies, Le Journal de Québec a toujours suivi attentivem­ent les événements entourant l’explosion d’une grenade qui avait fait six morts sur la base de Valcartier.

Rares sont les nouvelles locales qui ont autant traversé les époques. Votre quotidien célèbre ses 50 ans et la tragédie est toujours un sujet d’actualité 43 ans plus tard puisque les survivants viennent à peine de recevoir leurs premiers chèques d’indemnité.

Le 30 juillet 1974, six cadets sont morts dans l’explosion d’une grenade à Valcartier. Quelque 137 cadets de 14 et 15 ans étaient alors rassemblés dans un dortoir pour un cours sur les explosifs.

Une véritable grenade se cachait alors dans un lot d’entraîneme­nt inoffensif. Un des cadets l’a prise et l’a dégoupillé­e.

L’explosion a aussi blessé 65 personnes et le groupe s’est plaint pendant toutes ces années d’avoir été traité avec peu de considérat­ion.

En 2015, l’ombudsman de l’armée a exigé qu’une indemnité financière « immédiate et raisonnabl­e » soit versée aux survivants du drame.

EN MAI 2017

« On a reçu ça au mois de mai. J’ai eu 42 000 $. Mille piastres par année, c’est généreux ! Il y a une deuxième phase dans mon cas parce que je suis inapte à l’emploi », explique Jean-bernard Provencher. Ce second versement pourrait varier entre 200 000 $ et 300 000 $ d’après un barème établi.

Aucun montant d’argent, si élevé soit-il, ne va toutefois lui rendre les années perdues.

Pendant 35 ans, jusqu’en 2009, M. Provencher affirme qu’il ne pouvait pas parler de cette sombre journée qui a laissé des séquelles sur le reste de sa vie.

« Je dis la vérité haut et fort. Je les ai remerciés pour ma nouvelle vie de BS. Nous sommes en 2017. Un règlement comme ça reflète les années 1970. On a subi les mêmes blessures qu’un soldat au front qui a vu ses chums partir en morceaux. Parce que nous avions juste 14 ans ? Je suis l’un des seuls cadets qui est rentré dans la baraque après l’accident. J’ai vu des choses que je n’aurais pas dû voir. »

GUÉRISON OU DÉCEPTION

Jean-bernard Provencher a aussi vertement critiqué le versement de 10,5 millions $ à Omar Khadr. « Moi j’ai eu ma prison intérieure pendant 35 ans. »

En mars 2017, des survivants étaient aux côtés du ministre de la Défense Harjit Sajjan lors de la plus récente annonce à Ottawa.

« C’est quelque chose qu’on attendait depuis 43 ans. C’est le début de la guérison pour nous », avait dit l’une des victimes de la tragédie, Michel Juneau-katsuya.

Quelques années auparavant, un autre survivant déçu s’était confié au Journal.

« J’ai transporté des morts et il a fallu que je prouve que j’étais sur place ! » avait déploré Clermont Morin, sergent-major régimentai­re du camp en 1974.

Depuis quatre décennies, un bouquin a été écrit sur la tragédie et un film a été tourné en 2016.

Encore cette année, des survivants ont toujours besoin de soins spécialisé­s.

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PHOTO D’ARCHIVES Les jeunes cadets de Valcartier, en 1974, qui ont vécu l’explosion de la grenade.
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CLERMONT MORIN ex-sergent-major régimentai­re
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