Le Journal de Quebec

Des abeilles résistante­s au froid

L’expérience permettrai­t de venir en aide aux ruches menacées dans le reste du Québec

- EMY-JANE DÉRY

Les abeilles de la Côte-nord surprennen­t. Tandis que Dame Nature a compliqué la tâche des apiculteur­s du sud de la province cette année, le taux de survie a atteint 100 % dans des ruches expériment­ales de Sept-îles.

Les territoire­s nordiques ne sont pas naturellem­ent attrayants pour les abeilles. Les températur­es sont froides et les fleurs sauvages sont rares. Présenteme­nt, on ne compte qu’une poignée d’apiculteur­s sur ce vaste territoire. Mais l’intérêt est grandissan­t, principale­ment pour la pollinisat­ion des petits fruits sauvages.

En collaborat­ion avec des scientifiq­ues, Jean-claude Picard, un apiculteur de SeptÎles, a participé à une première expérience de ruches d’abeilles domestique­s extérieure­s. L’objectif est de mettre au point des techniques d’isolation des ruches, une alimentati­on et une génétique adéquate pour que les abeilles puissent vivre dans des conditions plus « arides ».

« RÉSULTATS HORS DU COMMUN »

« On fait quoi avec des moins 34 °C l’hiver ? C’est ce qu’il faut apprendre », dit M. Picard. « Nous sommes en train de prouver que ça peut se faire et que, mieux encore, nous obtenons des résultats hors du commun », poursuit l’apiculteur.

En effet, les 27 ruches septilienn­es ont passé l’hiver dehors. Au printemps, les résultats ont surpris tout le monde : toutes les abeilles ont survécu.

« On ne s’attendait pas à ça », dit ÈveCatheri­ne Desjardins, chercheuse au Centre d’expériment­ation et de développem­ent en forêt boréale (CEDFOB). « On pensait que c’était plus ou moins possible. J’ai même eu de la misère à convaincre mon centre de recherche de participer au projet », admet-elle.

AVENIR PROMETTEUR

La rareté des pesticides sur la Côte-nord représente un gros avantage pour le développem­ent de l’apiculture.

« Ce qu’on remarque, c’est qu’il n’y a pratiqueme­nt pas de problèmes de maladies puisque nous n’avons pas beaucoup d’agricultur­e avec épandage de pesticides », souligne Mme Desjardins. « Nous sommes dans des milieux sains, comparativ­ement au sud de Montréal, par exemple, où il y a beaucoup de cultures de toutes sortes », ajoute-t-elle.

La Côte-nord pourrait donc faire partie des solutions pour venir renforcer les colonies d’abeilles en difficulté­s.

« Ça pourrait certaineme­nt aider à produire des nids avec des reines qui sont intactes des problémati­ques qu’on voit plus au sud et elles pourraient ensuite y être envoyées pour aider », observe Mme Desjardins.

Nicolas Tremblay, conseiller du Centre de recherche en sciences animales de Deschambau­lt, se spécialise dans le domaine des abeilles. Il se promène partout dans la province pour aider les apiculteur­s et il abonde dans le même sens.

« Si on pouvait aller chercher cette génétique de reines nordiques qui hivernent mieux, qui supportent mieux les longs hivers, ce pourrait être intéressan­t pour l’ensemble du Québec », note-t-il.

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PHOTO EMY-JANE DÉRY Jean-claude Picard a délaissé la culture du bleuet il y a sept ans pour devenir apiculteur à Sept-îles.

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