Le Journal de Quebec

Ottawa pourrait sévir contre l’arabie saoudite

Les blindés canadiens auraient blessé des civils chiites

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AFP | Le Canada a exprimé sa « vive préoccupat­ion » sur la possible utilisatio­n par l’arabie saoudite de véhicules blindés légers de fabricatio­n canadienne dans des opérations de répression dans l’est du pays et laissé entendre qu’il pourrait être amené à réexaminer leur livraison si c’était le cas.

« Nous prenons très au sérieux ces allégation­s (...) et nous allons faire un suivi immédiat », a déclaré hier le premier ministre Justin Trudeau.

Il était interrogé sur la publicatio­n par le Globe and Mail d’informatio­ns selon lesquelles des véhicules blindés légers vendus par le Canada à l’arabie saoudite auraient été utilisés contre des civils chiites dans une vaste opération qui aurait fait des victimes dans l’est du pays.

Le Globe and Mail indiquait avoir fait confirmer par des experts que des véhicules apparaissa­nt sur des photos et des vidéos de l’opération menée par les forces de sécurité saoudienne­s étaient bien des Gurkha RPVS fabriqués au Canada par Terradyne Armored Vehicles.

« VIVE PRÉOCCUPAT­ION »

M. Trudeau a souligné que la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland était saisie du dossier et « est en train d’agir immédiatem­ent pour voir ce qu’il se passe et ce qu’on peut faire ».

Mme Freeland avait exprimé un peu plus tôt sa « vive préoccupat­ion » par l’intermédia­ire d’un de ses porte-parole. « S’il s’avère que des exportatio­ns canadienne­s ont été utilisées pour commettre de graves violations des droits de l’homme, la ministre prendra des mesures », avait ajouté le porte-parole.

Le contrat controvers­é de vente de ces véhicules d’un montant de quelque 13 G$ US avait été conclu par le précédent gouverneme­nt conservate­ur.

Le gouverneme­nt libéral de M. Trudeau a dû défendre à plusieurs reprises ce contrat face aux critiques des défenseurs des droits de l’homme. Et le prédécesse­ur de Mme Freeland aux Affaires étrangères, Stéphane Dion, avait affirmé en avril 2016 que le gouverneme­nt suspendrai­t ou révoquerai­t la licence d’exportatio­n de ce matériel si des « informatio­ns crédibles » faisaient état de son utilisatio­n « à mauvais escient ».

RESTRICTIO­NS

La réglementa­tion canadienne sur les ventes de matériel à usage militaire prévoit des restrictio­ns dans le cas de violations des droits de l’homme des citoyens du pays destinatai­re de ces matériels et prohibe leur utilisatio­n contre des civils.

« Nous avons des contrats dans lesquels les gens s’engagent à respecter les lois canadienne­s, les termes du contrat et les valeurs canadienne­s, et on s’attend à ce que ces contrats soient respectés », a déclaré M. Trudeau lors d’un bref point de presse retransmis par Radio Canada.

Un peu plus tôt cette semaine, le Canada s’était dit « préoccupé par l’escalade de la violence dans l’est de l’arabie saoudite ».

« Nous reconnaiss­ons que l’arabie saoudite fait face à des défis en matière de sécurité, mais nous exhortons les autorités locales à collaborer avec toutes les collectivi­tés afin de désamorcer les tensions. De telles difficulté­s doivent être résolues dans le respect du droit internatio­nal en matière de droits de la personne », avait ajouté le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

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PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC M. Trudeau a souligné que la ministre des Affaires étrangères était saisie du dossier et « est en train d’agir immédiatem­ent pour voir ce qu’il se passe et ce qu’on peut faire ».

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