Le Journal de Quebec

Prendre le large, EN ALASKA

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

La Française Catherine Poulain connaît un début de carrière remarquabl­e comme écrivaine avec son roman, Le

grand marin. La critique est dithyrambi­que et quelques mois après la sortie, déjà, son travail a été récompensé par 10 prix littéraire­s. Le livre fut également sélectionn­é pour le prix des libraires du Québec 2017 dans la catégorie Roman.

Le roman révèle une plume singulière, très puissante, capable d’évoquer une large palette d’émotions et de dépeindre les grandioses paysages de l’alaska, où se trouve son héroïne, Lili Colt. Celle-ci débarque à Kodiak avec l’ambition de réaliser son plus grand rêve : devenir pêcheur en haute mer.

Pour cette Française qui a fui sa famille pour partir à l’aventure, les débuts ne sont pas faciles. Elle doit s’initier à un métier dur et faire sa place comme femme dans un milieu peuplé d’hommes revêches et durs, qui finiront par l’adopter et la protéger. Et puis un jour, c’est le coup de foudre pour celui qu’elle surnomme le « grand marin ».

Récemment de passage au Québec – elle a des amis à Lac-mégantic – Catherine Poulain est à la fois heureuse et surprise du succès de son premier roman. Lili Colt est son alter ego. « Je ne voulais pas parler de moi, alors j’ai fait entrer ma propre expérience de la pêche, et voilà, pour finir, c’est moi. J’ai pas eu le temps de tricher », explique-t-elle.

« PIONNIÈRES »

Catherine Poulain explique qu’il y a, dans le Pacifique Nord, beaucoup plus de femmes qui pêchent que dans d’autres coins du monde. « L’alaska, c’est un État qui est jeune et les femmes ont participé comme les hommes. Elles ont été pionnières, que ce soit pour la ruée vers l’or ou pour autre chose, et c’est resté dans l’esprit. J’ai quitté il y a 14 ans, mais lorsque j’y étais, c’était un pays plus “fou”. Quand j’y étais, il y avait moins de barrières entre les hommes et les femmes, moins d’oeillères. Ça a peut-être changé. »

Les scènes qu’elle décrit sont extrême- ment précises, extrêmemen­t ressenties, et témoignent de son expérience sur place. « Le départ et les scènes de pêche, j’avais écrit cela il y a près de 20 ans. Lorsque j’ai commencé à pêcher, je rendais compte de mon quotidien, de tout ce qui était important dans des carnets qui m’accompagna­ient et qui m’ont beaucoup aidée. Lorsque j’avais un peu de temps, j’ai essayé de construire quelque chose, pour ne pas oublier. Et donc, lorsque j’ai fait ce livre, je voulais parler du “grand marin”. C’est ce personnage qui m’intéressai­t. »

SOIF DE LIBERTÉ

« J’ai essayé de faire coller des choses qui étaient anciennes et des choses que j’ai écrites aujourd’hui. C’est pour ça que je n’étais pas sûre du tout que ça marche ! Et ça a fonctionné, je crois. » Oui ! Lili a soif de liberté, elle ne tient pas en place et ça lui prend toujours de l’action. L’attente, en ville, est d’une lourdeur qui lui apparaît insupporta­ble. « L’action, le mouvement... je suis comme ça dans la vraie vie. J’ai toujours pensé qu’il fallait être dans le mouvement et que c’était le mouvement qui était la vie. » Elle croit d’ailleurs que les gens sont accros à la pêche dans le Pacifique Nord à cause de l’adrénaline et du sentiment d’urgence qu’elle procure. « Lorsque j’ai commencé à pêcher et que j’ai aimé ça, un gars m’a dit : attention, si un jour tu ne fais plus ça, tu t’ennuieras tout le temps quand tu ne seras pas en pêche. Avoir connu l’urgence et l’adrénaline... après, ça vous manque, c’est fade. On n’a pas cette urgence de la vie. » » Catherine Poulain a reçu 10 prix littéraire­s et conquis 300 000 lecteurs avec ce premier roman. » Elle a déjà été travailleu­se agricole dans la vallée de l’okanagan et dans les Cantonsde-l’est.

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