Trump promet de traquer les fuites dans les médias
Plus de ressources à Washington pour enrayer et poursuivre les lanceurs d’alertes
WASHINGTON | (AFP) Le gouvernement américain a promis hier d’endiguer les fuites d’informations confidentielles qui donnent une image de désordre à la présidence de Donald Trump, en assimilant de tels actes à une trahison envers le pays.
« Nous le disons haut et clair : la culture de la fuite doit cesser », a déclaré à Washington le ministre de la Justice, Jeff Sessions, à côté du chef des renseignements américains, Dan Coats. Dénonçant un « nombre sidérant de fuites » entravant l’action de l’exécutif, M. Sessions a précisé avoir triplé les investigations contre ceux accusés de saper la sécurité nationale en parlant trop aux médias.
Il a ajouté que quatre personnes avaient pour l’instant été inculpées et que la police fédérale avait augmenté ses effectifs dédiés à cette lutte.
CLIMAT DE DÉFIANCE
Après avoir été récemment accusé par le président de n’être pas assez « ferme » en la matière, M. Sessions est sous pression pour frapper dur et colmater les brèches.
M. Coats a affiché une égale détermination contre ceux qui ne garderaient pas le secret des informations dont ils sont détenteurs. « Nous lancerons des enquêtes vous visant, nous vous poursuivrons en ayant recours à tout le champ législatif », a-t-il averti.
Les indiscrétions alimentant la presse couvrent un large spectre, mais ont en commun d’ulcérer M. Trump, notamment lorsqu’elles dépeignent un climat de défiance à la Maison-blanche ou qu’elles accréditent des liens répétés en 2016 entre des responsables russes et l’équipe de campagne présidentielle du milliardaire.
Sur plusieurs fronts diplomatiques, de récentes fuites ont aussi plongé dans l’embarras le président, ou donné une image peu flatteuse de lui.
CONVERSATIONS PRIVÉES
Aucun État ne saurait être efficace si ses dirigeants ne peuvent discuter sereinement d’affaires sensibles ou discuter librement en pleine confiance avec des leaders étrangers », a justifié Jeff Sessions.
Il faisait référence à la publication jeudi par le Washington Post de la retranscription d’une conversation téléphonique houleuse entre le chef d’état américain et le premier ministre australien, Malcolm Turnbull.
Dans un autre verbatim également dévoilé, M. Trump exhorte, apparemment en vain, son homologue mexicain Enrique Pena Nieto à arrêter de dire publiquement que Mexico ne paiera pas la construction du mur frontalier promis par l’homme d’affaires républicain.
Selon M. Session, le gouvernement est en train de revoir sa politique d’assignation des organes de presse afin qu’ils révèlent leurs sources. Ce possible tournant a été dénoncé par L’ACLU, grande organisation américaine de défense des libertés, comme un péril pour la démocratie.
« Tous les Américains devraient s’inquiéter face aux menaces du gouvernement Trump de redoubler ses efforts contre les lanceurs d’alerte et les journalistes », a commenté Ben Wizner, de L’ACLU.
VALSE DES CONSEILLERS
Dans un contexte alourdi par la valse des conseillers les plus proches du président et par les règlements de comptes au sein de l’exécutif, le feuilleton des fuites est devenu quasi quotidien depuis six mois.