Trump promet « feu et colère » à Pyongyang
Le régime nord-coréen a immédiatement riposté en disant vouloir lancer un missile vers des bases américaines
WASHINGTON | (AFP) Donald Trump a lancé hier une spectaculaire mise en garde à la Corée du Nord, lui promettant « le feu et la colère » au moment où les services secrets américains semblent avoir acquis la conviction que Pyongyang est en mesure de miniaturiser des armes nucléaires.
« La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les ÉtatsUnis », a déclaré le président américain depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe des vacances. Les menaces, si elles se poursuivaient, « se heurteront au feu et à la colère », a-t-il ajouté, promettant une réaction d’une ampleur « que le monde n’a jamais vue jusqu’ici ».
Peu après, l’agence de presse nord-coréenne KCNA a rapporté que la Corée du Nord avait indiqué envisager de tirer des missiles balistiques à portée intermédiaire vers les bases américaines de l’île de Guam, dans le Pacifique. Fidèle à sa rhétorique enflammée, Pyongyang avait promis lundi de faire payer « un millier de fois » aux États-unis « le prix de leurs crimes ».
CAPACITÉ NUCLÉAIRE
Le contexte s’est encore alourdi avec des révélations du Washington Post sur les progrès réalisés par les Nord-coréens dans leur programme nucléaire.
Le régime communiste a réussi à adapter suffisamment la taille de ses têtes nucléaires pour pouvoir les placer sur ses missiles intercontinentaux et ainsi faire peser la menace d’une attaque nucléaire sur la première puissance mondiale, selon les conclusions d’un rapport confidentiel achevé le mois dernier par l’agence américaine de renseignement militaire, la DIA, et révélées hier par le journal.
Grâce à cette capacité, le régime communiste deviendrait une puissance nucléaire à part entière, en mesure de réaliser l’objectif affiché par le leader Kim Jong-un: frapper les « salauds d’américains ».
Pour l’heure, le régime de Pyongyang a testé plusieurs engins atomiques et a réussi deux lancements de missiles balistiques intercontinentaux, capables de frapper les États-unis. Mais sa capacité à miniaturiser suffisamment une bombe atomique pour la placer sur l’un de ces lanceurs était encore en doute. Les analystes et autres membres du renseignement étaient, jusqu’il y a peu encore, convaincus que malgré les 10 ans qui se sont écoulés depuis le premier test nucléaire de Pyongyang en octobre 2006, la Corée du Nord était encore à quelques années de savoir maîtriser le processus de miniaturisation. Mais selon le rapport daté du 28 juillet dont un extrait a été lu au Post, « la communauté du renseignement estime que la Corée du Nord a produit des armes nucléaires qui peuvent être embarquées sur des missiles balistiques, y compris des missiles balistiques intercontinentaux ».
Selon un autre rapport officiel américain, le dictateur nord-coréen Kim Jong-un dispose de quelque 60 bombes atomiques, note le Washington Post, qui souligne toutefois que beaucoup d’experts jugent ce nombre surévalué.
CASSE-TÊTE
Les menaces répétées et l’enchaînement ces derniers mois de tests de missiles par Pyongyang sont un casse-tête pour Donald Trump, depuis son arrivée au pouvoir.
Le milliardaire américain a notamment engagé un bras de fer diplomatique à trois bandes, en demandant avec insistance à la Chine, principale alliée de la Corée du Nord, d’agir pour faire infléchir son incontrôlable voisin.
Toujours sur le plan diplomatique, le Conseil de sécurité de L’ONU a adopté samedi à l’unanimité une résolution renforçant nettement les sanctions déjà imposées à Pyongyang. Aux termes de celle-ci, la Corée du Nord devrait être privée d’un milliard de dollars de recettes annuelles.
En frappant le pays au portefeuille, la communauté internationale a pour objectif de pousser Pyongyang à la négociation, notamment après les deux tirs de missiles intercontinentaux effectués en juillet.