Le Journal de Quebec

Grandeurs et misères des marges de crédit hypothécai­res

- Stéphane Desjardins Spécialist­e en consommati­on

Elles sont une arme à double tranchant. Soyez prudent !

La marge de crédit hypothécai­re est de plus en plus populaire, car elle permet de s’assurer un coussin financier permanent à coût moindre qu’avec le crédit traditionn­el. Mais comme c’est du crédit variable, elle stimule facilement le surendette­ment.

Comment ça marche ? Une institutio­n financière vous accorde une marge de crédit hypothécai­re pour laquelle vous mettez votre propriété en garantie. Vous avez accès à un crédit qui peut représente­r jusqu’à 65 % de sa valeur marchande. Une fois accordée, vous utilisez la marge sans restrictio­n.

AVANTAGES

La marge est beaucoup plus flexible qu’un prêt traditionn­el. Vous la remboursez à votre rythme, par petits montants ou d’un seul coup, sans les habituelle­s pénalités d’un prêt traditionn­el.

Si vous devez passer chez le notaire pour contracter une marge (tout comme un prêt hypothécai­re), plus besoin d’y retourner par la suite pour la renouveler… et payer le notaire encore une fois. Pratique pour financer des rénovation­s.

Comme le taux de la marge hypothécai­re est habituelle­ment moins élevé que celui des marges et prêts personnels ou cartes de crédit, il est très avantageux d’y consolider ce type de dette. Certains s’en servent pour payer leur automobile comptant (et, surtout, négocier un rabais important chez le concession­naire).

Il est plus facile de vendre sa propriété, car vous remboursez la marge avec le produit de la vente… sans pénalité. Certains utilisent aussi leur marge hypothécai­re pour financer l’achat d’une deuxième propriété…

INCONVÉNIE­NTS

Il n’y a pas de restrictio­ns quant au type de dépense. Et ça demande beaucoup de discipline… que la majorité des gens n’ont pas. Plusieurs s’en servent comme guichet automatiqu­e, s’endettent jusqu’au cou pour maintenir un train de vie trop élevé, et conservent un solde jusqu’après leur retraite ! Ce que déplorent de nombreux syndics de faillite ou spécialist­es des ACEF.

La marge encourage le surendette­ment d’une autre façon. Par exemple : si la valeur de votre propriété est de 100 000 $ et que votre mise de fonds est de 20 000 $ (le minimum requis de 20 %), la limite autorisée d’une marge de crédit hypothécai­re peut aller jusqu’à 80 000 $. Dans plusieurs cas, de ce 80 000 $ un maximum de 65 000 $ sera accordé sous forme de marge de crédit et le reste en prêt hypothécai­re traditionn­el. Mais, au fur et à mesure que vous remboursez ce dernier prêt,

la part de la marge augmente d’autant… Or, les intérêts sont calculés sur le solde quotidien.

De plus, les taux d’intérêt ont recom-

mencé à monter après des années de sur-place : celui d’une marge hypothécai­re est variable. Certains composent mal avec ce stress additionne­l.

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