Le Journal de Quebec

Un « Merci » serait apprécié

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Question quiz de la semaine : si un incendie ravageait la maison de votre voisin, accepterie­z-vous de l’accueillir pendant quelque temps?

Probableme­nt que oui. Mais s’il voulait s’installer chez vous juste parce qu’il trouvait votre maison plus belle que la sienne, l’accueiller­iez-vous ?

Probableme­nt que non.

PAS UNE CRISE HUMANITAIR­E

C’est un peu ce qui se passe avec les demandeurs d’asile haïtiens.

Ils ne fuient pas une guerre. Ils ne fuient pas une épidémie. Ils ne fuient pas une catastroph­e naturelle. Ils ne fuient pas un régime politique qui les menace et les persécute.

Leur vie ne serait pas en danger s’ils retournaie­nt chez eux.

Ils ne veulent juste pas retourner en Haïti, c’est tout. Ils préfèrent vivre au Canada. Qui peut les blâmer ? Pensez-vous que Dany Laferrière serait prêt à quitter les salons climatisés de l’académie française pour retourner vivre à Port-au-prince ?

Et que dire de Sa Majesté Michaëlle Jean ?

Bien sûr que non, et je ne les blâme pas, je ferais exactement la même chose…

Ces demandeurs d’asile ne fuient ni la guerre ni une catastroph­e...

RETOURNER EN HAÏTI ? NON !

Retraçons le début de cette « crise » pour ceux qui n’auraient pas suivi l’histoire de près…

Après le tremblemen­t de terre qui a dévasté Haïti en 2010, Barack Obama a accordé un statut de protection temporaire (le mot est important : TEMPORAIRE) aux demandeurs d’asile haïtiens.

Ce statut leur permettait de vivre et de travailler légalement — et temporaire­ment — aux États-unis.

Mais il y a trois mois, Trump a annoncé qu’il retirera ce statut spécial aux réfugiés haïtiens en janvier, en disant qu’ils pouvaient retourner chez eux vu que la situation là-bas s’était stabilisée (ce qui est vrai).

Retourner vivre en Haïti, le pays le plus pauvre de la planète, après avoir goûté au confort nord-américain pendant sept ans ? « Non merci ! », ont répondu ces réfugiés haïtiens.

Au lieu de retourner chez eux, ils ont décidé de quitter le pays de Donald pour venir chez nous.

Le hic est qu’il y a quelques années, le gouverneme­nt Harper a lui aussi décidé de mettre un terme au statut de protection temporaire des réfugiés haïtiens, sous prétexte que les conditions s’étaient améliorées en Haïti !

On a fait la même chose que Trump promet de faire !

Résultat : la plupart de ces gens qui, comme je l’ai écrit, ne fuient ni la guerre, ni une catastroph­e naturelle, ni un régime sanglant (donc, qui n’ont pas vraiment de raison de demander l’asile au Canada) seront tout simplement retournés dans leur pays.

UN MAUVAIS ACCUEIL ?

En attendant, les demandeurs d’asile qui se massent à Lacolle et au Stade olympique se plaignent des conditions qu’ils doivent endurer !

Je ne veux pas paraître sans-coeur, mais vous traversez illégaleme­nt notre frontière, vous demandez un statut qui vous sera fort probableme­nt refusé, on transforme le Stade en refuge, on vous ouvre les bras, on vous donne du bien-être social, le maire de Montréal vous accueille chaleureus­ement, l’armée et la CroixRouge se mobilisent, les douaniers sont débordés et travaillen­t comme des fous pour gérer cette « crise » que vous avez provoquée… Et vous nous critiquez ? Ben coudonc. Me semble qu’un simple « Merci » aurait fait l’affaire.

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