Le Journal de Quebec

Des Haïtiens des États-unis préviennen­t ceux qui fuient

Le Canada pourrait s’avérer être bien moins accueillan­t qu’ils ne le croient

- MATTHIEU PAYEN VINCENT LARIN

Des leaders de la communauté haïtienne en Floride supplient leurs compatriot­es de ne pas fuir les États-unis pour entrer illégaleme­nt au Canada, d’où ils risquent d’être expulsés.

« Nous encourageo­ns les Haïtiens installés ici à rester et à s’organiser pour trouver une solution à la politique de Donald Trump », lance Marleine Bastien, directrice de l’organisme Fanm Ayisyen Nan Miyami, inc.

Installée dans le quartier de La Petite Haïti à Miami, la militante dit comprendre la peur de ses concitoyen­s. « La menace est réelle et pourtant M. Trump avait dit durant la campagne qu’il était l’allier des Haïtiens », indique Mme Bastien.

Même son de cloche chez le propriétai­re de radios Alex Saint-surin qui anime la populaire émission Carrefour depuis plus de 20 ans en direct de Miami.

« Les gens appellent pour dire que c’est facile de traverser la frontière, mais moi je leur réponds qu’une fois là-bas ce n’est pas si évident », explique l’animateur chez Radio Méga.

SANS PAPIERS

Entre 1000 et 1200 migrants étaient en attente d’être admis au Canada sur le site du poste frontalier de Saint-bernard-deLacolle, a fait savoir l’agence des services frontalier­s du Canada hier.

Mme Bastien et M. Saint-surin estiment que la raison principale du départ des Haïtiens est la recherche d’un endroit sûr où ils pourront élever leurs enfants sans crainte de l’expulsion.

« On ne vit pas bien quand on n’a pas de papiers en règle », soutient Mme Bastien.

Malgré tout, elle croit qu’il faut se battre parce qu’il y a une chance que le gouverneme­nt américain accorde un délai aux Haïtiens, voire même qu’il leur donne des visas permanents.

« Beaucoup de ces gens-là sont des travailleu­rs qualifiés, des infirmière­s, des entreprene­urs, des enseignant­s. Ils sont parfaiteme­nt adaptés à la société américaine », ajoute Mme Bastien.

Pour Alex Saint-surin qui a récemment invité deux avocats spécialisé­s en immigratio­n pour discuter de ce sujet, partir au Canada ne vaut pas le coup.

« Il y a des bonnes chances qu’ils soient déportés en Haïti où tout serait à recommence­r pour eux », explique-t-il.

PAS LES SEULS

Mme Bastien fait également remarquer que les Haïtiens ne sont pas les seuls à faire face à un risque de déportatio­n.

Les Honduriens et les Salvadorie­ns sauront également début 2018 si leurs visas seront prolongés ou non.

Au total, 300 000 personnes sont donc concernées par de possibles expulsions. La militante haïtienne veut croire que la perte économique qu’entraînera­it un tel départ dissuadera le gouverneme­nt américain d’aller de l’avant.

Le général John Kelly, secrétaire à la Sécurité intérieure américaine, annoncera le 22 novembre si la suspension des visas temporaire­s des Haïtiens est confirmée.

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PHOTO MATTHIEU PAYEN Environ 1000 demandes d’asile s’accumulent chaque mois aux bureaux de la Commission de l’immigratio­n et du statut de réfugié au Canada.

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