Scénario catastrophe pour les détaillants
Un déluge de produits américains sans taxes risque d’envahir le marché québécois si le président Donald Trump réussit à en exempter les biens de moins de 800 $, craint le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).
« Ça pourrait mettre en péril le secteur. C’est carrément inéquitable! » prévient Léo-paul Turgeon, PDG du CQCD, qui a bien peur que ses 5000 établissements représentés en payent le prix.
En ce moment, les Québécois n’ont pas à payer de taxes sur les biens de 20 $ qui ne sont pas de l’alcool ou du tabac achetés aux États-unis. Donald Trump veut faire exploser ce plafond à 800 $, s’inquiète M. Turgeon.
GROS RABAIS
Selon lui, il peut être alléchant pour les Québécois d’acheter en ligne un électroménager ou une paire de patins sans devoir payer de taxes, mais ce geste en apparence banale pourrait avoir des répercussions désastreuses sur l’industrie du commerce de détail.
« Plus de 90 % des produits achetés par des Québécois aux États-unis vont se trouver sans taxes, si ça passe… Pensez-vous vraiment que les consommateurs de chez nous vont vouloir se procurer leurs produits 30 % plus chers au Québec? » se demande-t-il, ébranlé par la renégociation de L’ALENA qui commence le 16 août.
BONNE SANTÉ
Le commerce au détail va bien au Québec, les clients sont au rendez-vous; ce n’est que l’environnement d’affaires qui ne va pas bien, relève Léo-paul Turgeon. En 2016, les ventes ont augmenté de 4,3 %, soit 4,6 milliards $, seulement au Québec, a-t-il dit, et cette hausse a atteint les 5,6 % depuis le début de l’année. « On va sûrement dépasser les 6 milliards $ », insiste-t-il.
M. Turgeon pointe toutefois du doigt les gouvernements qui en font trop peu. Selon lui, Québec et Ottawa devraient cesser de créer des lois qui étouffent les entreprises du secteur. « Le bobo est là. Nous n’avons plus de marge de manoeuvre. Ça fait quatre ans que j’interpelle le gouvernement là-dessus, et il ne bouge pas », observe-t-il.
Il déplore aussi que la province perde 350M$ par année en taxes non payées en raison d’achats en ligne sur des sites étrangers, comme l’a mentionné une étude de l’institut du Québec, hier.