Le Journal de Quebec

Limite de carte de crédit : attention aux frais cachés

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

La limite de votre carte de crédit ne peut être augmentée que si vous donnez explicitem­ent votre autorisati­on. Mais attention, les compagnies émettrices le font parfois à votre insu…

Vous payez un séjour à hôtel avec votre carte de crédit. Le maximum de votre carte est presque atteint, mais vous avez bien calculé votre budget et vous êtes certain que vous ne l’excéderez pas. Malheureus­ement, on vous facture des frais de minibar et d’interurbai­ns entraînant un dépassemen­t de 100 $. Le paiement est accepté par votre institutio­n financière, mais surprise, quelques jours plus tard vous recevez un courrier mentionnan­t que non seulement le maximum de votre crédit a été augmenté, mais que des frais de 50 $ sont rattachés à ce dépassemen­t.

UNE PRATIQUE INTERDITE

La compagnie émettrice de la carte peut-elle prendre de telles libertés ? Selon Yannick Labelle, avocate et analyste en protection du consommate­ur chez Union des consommate­urs, la loi précise que, lorsque l’institutio­n prêteuse a indiqué au consommate­ur la somme jusqu’à laquelle un crédit lui est consenti, elle ne peut augmenter ce montant que s’il en fait la demande expresse (article 128 de la Loi sur la protection du consommate­ur).

Autrement dit, l’institutio­n financière doit préalablem­ent obtenir votre consenteme­nt clair. Celui-ci peut être écrit ou verbal. « Sinon, cela constitue une modificati­on du contrat, ce qui est interdit par la loi », souligne-t-elle.

Par conséquent, même si une transactio­n excède votre limite, la compa- gnie émettrice n’est pas légalement autorisée à faire grimper celle-ci. « Vous n’êtes pas non plus obligé de payer les frais puisque ceux-ci sont inopposabl­es au consommate­ur », explique Me Labelle.

PROJET DE LOI À L’ÉTUDE

Bien que cette pratique soit interdite, elle est malgré tout relativeme­nt courante. Actuelleme­nt à l’étude, le projet de loi 134 sur la modernisat­ion des règles relatives au crédit à la consommati­on contient des dispositio­ns pour mieux encadrer l’industrie. L’article 128.1 stipule que l’institutio­n financière ne peut permettre au consommate­ur d’effectuer une opération entraînant le dépassemen­t de sa limite de crédit, sauf si elle respecte certaines conditions. « Elle devra lui transmettr­e un avis indiquant qu’il a effectué une opération entraînant le dépassemen­t de sa limite de crédit, mais elle ne pourra lui imposer aucuns frais à cet égard. De

plus, l’excédent devra être inclus en totalité dans le versement minimal requis pour la prochaine période de facturatio­n », précise Me Labelle.

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