La chance de finir sur une bonne note
À 32 ans, Guillaume Bastille espère effacer sa déception d’il y a quatre ans en se rendant à Pyeongchang
Il est champion olympique, a terminé de hautes études et son entregent lui promet déjà un bel avenir, mais Guillaume Bastille traîne depuis quatre ans une tache à son bonheur qu’il souhaite effacer.
« L’ANNÉE 2014 A ÉTÉ UN DÉCLENCHEUR POUR ME RAPPELER QU’IL N’Y A PERSONNE MIEUX QUE MOI QUI CONNAÎT MIEUX CE QUE JE RESSENS. J’AI COMPRIS QUELS MOYENS JE DEVAIS PRENDRE POUR ATTEINDRE MON PLEIN POTENTIEL.» - Guillaume Bastille
Les sélections olympiques de l’équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste, qui débutent aujourd’hui à l’aréna Maurice-richard de Montréal, lui offrent enfin l’occasion de se justifier.
« C’est pour ça que je me suis permis d’étirer jusqu’en 2018. J’aurais pu mettre fin à ma carrière en 2014 sur une déception. J’ai décidé de continuer parce que c’est de ça que je veux ressortir », affirme le patineur originaire de Saint-modeste près de Rivière-du-loup.
APPEL ÉPROUVANT
Bastille avait marché sur quelques orteils durant les semaines suivant ces mêmes sélections d’il y a quatre ans. Membre de l’équipe médaillée d’or au relais à Vancouver en 2010, il avait vu François Hamelin devenir le choix discrétionnaire des dirigeants de Patinage de vitesse Canada à titre de cinquième patineur pour les Jeux de Sotchi.
Sa cause portée en appel devant le Centre de règlements des différends sportifs du Canada n’avait rien changé. C’est de son salon qu’il a surveillé les Jeux.
« L’année 2014 n’a pas été facile. L’appel a été long et laborieux, c’était un peu moi contre tout le monde. Ce n’était pas idéal, mais ça m’a aussi convaincu de faire un peu plus les choses à ma façon », dit aujourd’hui l’athlète de 32 ans, titulaire d’une maîtrise en sciences de la Terre.
« Faire à sa façon » ne veut pas dire jouer au fanfaron. Le souvenir de s’être présenté aux sélections d’il y a quatre ans en deçà de sa forme optimale, et par conséquent d’obtenir des résultats décevants, l’a amené à convenir avec le personnel d’encadrement d’un entraînement mieux adapté.
« Je suis un vétéran qui s’approche de la porte de sortie, mais je veux atteindre mon plein potentiel. C’est ma revanche avec ces sélections. Comparativement à 2014, je veux compétitionner comme je suis capable. Si je me fais battre par plus fort, tant pis, j’aurai donné tout ce que je peux. Si je compétitionne avec ce que j’ai en ce moment, ça pourrait bien aller », prétend-il.
DE RETOUR AU SOMMET
La dernière année a rappelé à la relève que l’aîné de l’équipe après Charles Hamelin en a encore sous les lames. Après avoir sacrifié l’entière saison 2015-2016 suite à une opération à une épaule visant à corriger un problème récurrent de luxation, Bastille a construit son retour jusqu’à obtenir sa sélection pour les championnats mondiaux aux Pays-bas, en mars dernier.
Il a trouvé là la dernière motivation pour se présenter confiant à ses troisièmes et dernières sélections olympiques.
« Je pense que je fais partie des cibles. Les plus jeunes veulent me battre, les plus vieux que j’ai déjà battus veulent aussi me battre, je veux battre ceux devant moi… », entrevoit-il au sujet du contrat des huit prochains jours.