La haine envahit la Virginie
L’état d’urgence déclaré après un rassemblement de l’extrême droite radicale qui a fait un mort et 40 blessés
CHARLOTTESVILLE | (AFP) Des scènes d’une rare violence ont ponctué un rassemblement de l’extrême droite américaine hier au centre-ville de Charlottesville en Virginie où une femme de 32 ans a été tuée et 19 autres ont été blessées quand une voiture a foncé dans la foule. À la fin de la journée, les forces de l’ordre ont livré un bilan de près de 40 blessés.
Les autorités ont aussi évoqué la mort de deux policiers qui ont perdu la vie dans la chute de leur hélicoptère près de Charlottesville sans qu’un lien explicite avec les affrontements soit établi.
Le président Donald Trump a condamné les violences de Charlottesville, sans se prononcer sur la responsabilité de l’un ou l’autre des camps en présence. « Nous devons tous nous unir et condamner tout ce qui représente la haine. Il n’y a pas de place en Amérique pour ce type de violences », a-t-il écrit sur Twitter.
« La haine et la division doivent cesser, et elles doivent cesser immédiatement », a lancé le président depuis son site de vacances au New Jersey.
Interpellé par des journalistes, il a refusé de condamner spécifiquement les mouvements d’extrême droite.
ÉTAT D’URGENCE
Le gouverneur de Virginie Terry Mcauliffe avait déclaré l’état d’urgence en raison des affrontements qui opposaient des centaines de manifestants et de contre-manifestants avant même le début du rassemblement d’extrême droite. Intitulé « Unite the Right Rally », il réunissait des groupes de la droite radicale et identitaire, dont le Ku Klux Klan et des néonazis.
Ces groupes entendaient dénoncer le projet de Charlottesville de déboulonner dans un jardin municipal la statue d’un général sudiste favorable à l’esclavage.
Des échauffourées entre les deux camps ont rapidement éclaté, malgré le déploiement de la police antiémeute et de la garde nationale.
« Nous avons des gens qui sont venus ici pour provoquer la confusion, le chaos et le trouble », a déclaré par la suite Maurice Jones, directeur municipal de Charlottesville.
SUSPECT ARRÊTÉ
En soirée, les autorités ont placé en garde à vue James Alex Fields jr. L’homme âgé de 20 ans natif de l’ohio a été, selon la chaîne CNN, inculpé de meurtre, de blessures et de délit de fuite.
Une vidéo montre une voiture de couleur sombre percutant un autre véhicule par l’arrière, qui luimême rentre dans une troisième voiture devant lui. La voiture responsable de la collision repart alors vivement en marche arrière, au milieu des manifestants paniqués.
Une autre vidéo montre le capot et le pare-brise de la voiture percutée maculés de taches de sang.
« C’était volontaire. On marchait dans la rue quand une voiture, une berline noire ou grise, nous a foncé dessus, elle a percuté tout le monde. Puis elle a reculé et nous a encore heurtés », a relaté à L’AFP un témoin.
DRAPEAUX CONFÉDÉRÉS
De nombreux partisans de l’extrême droite brandissaient des drapeaux confédérés, que beaucoup d’américains considèrent comme un symbole de racisme. Certains faisaient le salut nazi.
Les militants antiracistes agitaient des drapeaux du mouvement Black Lives Matter (BLM), qui proteste régulièrement contre les décès de Noirs victimes d’abus de la force par la police.
Ils scandaient des slogans comme « Nous disons non à la peur raciste » ou « Pas de nazis, pas de KKK, pas de fascistes aux USA ».