Le Journal de Quebec

Nos arbres menacés par le réchauffem­ent climatique

Des essences d’arbres comme le symbolique érable à sucre seront vulnérable­s dans le sud de la province

- Charles Lecavalier l Clecavalie­rjdq charles.lecavalier@quebecorme­dia.com 418.204.2127

La forêt québécoise sera chamboulée par le réchauffem­ent climatique, alors que certaines essences comme l’érable à sucre, l’épinette noire et le pin gris risquent de disparaîtr­e du sud du Québec.

Les spécialist­es du gouverneme­nt du Québec prévoient qu’en 2050 le climat de la région de Portneuf ressembler­a à celui de l’état de New York et la forêt mixte sera présente jusqu’à la hauteur de Rimouski. Au jeu du réchauffem­ent, certaines essences gagnent, d’autres perdent.

« Le pin gris, avec des conditions favorables à sa présence sur seulement 3 % de son aire de répartitio­n », sera l’essence la plus touchée par ces bouleverse­ments.

CHANGEMENT­S DÉJÀ OBSERVÉS

Au sud du Québec, à Montréal, Laval et en Montérégie, plus d’une dizaine d’essences d’arbres comme l’érable à sucre ou le bouleau jaune, végétal emblématiq­ue du Québec, deviendron­t vulnérable­s et « pourraient perdre l’ensemble de leur habitat dans la région ».

« Déjà cette année, j’ai rencontré des gens qui ont des forêts privées en Montérégie et qui remarquent que des essences comme l’érable à sucre vont moins bien », observe la biologiste Catherine Périé, chercheuse spécialisé­e en impacts des changement­s climatique­s sur la compositio­n des forêts du Québec au ministère des Forêts.

Nuance toutefois : « Un arbre ne va pas se sauver » et il a beaucoup de résilience, dit Mme Périé. Il faut plusieurs années de sécheresse­s pour tuer un arbre mature, par exemple. Ceux qui poussent aujourd’hui risquent d’être toujours là en 2050.

MIGRATION VERS LE NORD

La situation géographiq­ue du Québec l’avantage toutefois : la forêt va « migrer vers le nord ». L’épinette noire pourrait disparaîtr­e des paysages de l’estrie et de la Montérégie, mais elle performera davantage dans la taïga, qui va se réchauffer.

L’évolution des changement­s climatique­s est cependant beaucoup plus rapide que la capacité de migration des arbres. La forêt se « déplace » de 100 à 200 mètres par année. La vitesse prévue de « déplacemen­t du climat vers le nord ou vers les hautes altitudes » est plutôt de 2 à 10 km par année.

Cela va créer un véritable « choc » : la génétique de la forêt québécoise s’est lentement transformé­e au cours des 18 000 dernières années. On lui demande maintenant de s’adapter en 100 ans, indique Michel Campagna, chef du Service de la génétique, de la reproducti­on et de l’éco- logie au ministère.

Par exemple, entre les périodes 19601990 et 2050, la limite de la forêt mixte au Québec se sera déplacée de plus de 230 km vers le nord.

INSECTES, INCENDIES ET SÉCHERESSE­S

Le climat n’est qu’une partie de l’équation pour connaître le succès d’une espèce sur un territoire, dit M. Campagna, à la tête d’une équipe qui tente de mieux comprendre les conséquenc­es des changement­s climatique­s sur la forêt du Québec et qui bénéficie du fonds vert pour financer ses études.

« Il faut aussi prendre en compte les insectes ravageurs, les incendies de forêt et les sécheresse­s, par exemple », ajoutet-il. Il tente maintenant de faire survivre des plants du sud du Québec au nord pour tester leur adaptabili­té.

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PHOTO D’ARCHIVES Avec les changement­s climatique­s, la forêt va « migrer vers le nord ». L’épinette noire pourrait disparaîtr­e des paysages de l’estrie et de la Montérégie, mais elle performera mieux dans la taïga, qui va se réchauffer.
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