La « Coupe Stanley » des journalistes politiques
Le travail de reporter a bien changé, selon le chroniqueur Michel Hébert
Le chroniqueur émérite Michel Hébert a couvert une douzaine d’élections générales fédérales et provinciales, la « Coupe Stanley » des reporters politiques. Il se confie sur l’évolution du métier.
« La plupart des campagnes électorales sont des aventures en soi », dit Michel Hébert, qui a suivi pas à pas des politiciens comme Jean Chrétien, Jean Charest, Lucien Bouchard et Mario Dumont pour le compte de la Presse canadienne, puis du Journal de Québec.
AUTRES TEMPS, AUTRES MOEURS
« C’est un peu la Coupe Stanley des journalistes politiques », se remémore M. Hébert, qui a vu la pratique du métier changer avec l’arrivée d’internet, mais aussi des chaînes d’information en continu dans les années 1990. « Aujourd’hui, il faut faire des breaking news, des mises à jour, la tâche a triplé. Avant, les journalistes commençaient leur journée à 16 h. »
D’autres changements, certains anecdotiques, d’autres moins, ont aussi eu lieu. Avant, l’autobus de campagne du PLQ était « un vrai dépanneur » qui servait « de la Bud, de la Bleue, de la Becks, du Pepsi, de la root beer, des chips, tu pouvais demander n’importe quoi à n’importe quelle heure ». Aujourd’hui, les reporters doivent se contenter de sandwichs santé.
PRESSION « DE PLUS EN PLUS GRANDE »
Plus sérieusement, « il y avait moins de spin doctors, moins de relations publiques dans nos pattes », souligne celui qui a fondé le Bureau parlementaire du Journal de Québec il y a cinq ans. Il déplore aussi la « rectitude » qui étouffe les politiciens. « Les politiciens se sont refermés du fait d’une pression de plus en plus grande des médias sur les administrations publiques », analyse-t-il.
Il donne en exemple Lucien Bouchard, fortement critiqué pour avoir dit que les Québécois ne travaillaient pas assez. « On en parle encore aujourd’hui, rappelle Michel Hébert. J’ai une vieille façon, je suis probablement d’une autre époque, mais je trouve ça essentiel de pouvoir parler à un politicien en dehors du contexte du travail et sans une enregistreuse, ajoute-t-il. Je pense que j’ai eu la chance de vivre l’âge d’or du métier », confie-t-il.
« JE PENSE QUE J’AI EU LA CHANCE DE VIVRE L’ÂGE D’OR DU MÉTIER » —MICHELHÉBERT