SON FRÈRE LUI VOLE SA FORTUNE
L’homme de Granby serait mort dans la pauvreté et la honte d’avoir été fraudé par un proche
Les pires chicanes d’héritage surviennent même dans les meilleures familles, comme l’a appris à la dure un homme de Granby qui a vu son oncle se faire voler ses économies par ses deux frères.h
« C’est une tragédie humaine. La fraude de ses frères a précipité la mort de mon oncle. Il a fini sa vie ruiné et honteux d’avoir été floué par ses proches », dit tristement Paul Lamontagne.
Attablé dans un café de Granby, le neveu raconte comment Yvon et Rodolphe, les frères de son oncle Armand Côté, l’ont saigné jusqu’à son décès, en mars 2015, en vidant progressivement son compte en banque et dévalisant son coffret de sûreté. Il raconte aussi comment il s’est battu depuis deux ans en cour pour rétablir l’honneur de son oncle.
« C’est moi qui ai pris l’argent. C’est la pire affaire que j’ai faite de ma vie, avoue Yvon Côté. Mais je l’ai fait pour la donner à mon frère, qui arrêtait pas de m’achaler pour qu’on le prenne pour pas qu’il le dépense», s’est-il défendu en entrevue téléphonique avec Le Journal.
Un juge vient de disculper Rodolphe Côté, mais a condamné sévèrement Yvon Côté à rembourser 65 400 $ dérobés à son frère veuf et affaibli.
VOLS EN SÉRIE
Armand aimait pourtant bien son frère Yvon. Au point où c’est à lui qu’il a demandé s’il serait assez aimable pour l’aider à payer les factures et déposer ses chèques de pension dans son compte en banque. Il lui a alors signé une procuration pour qu’il accède au compte et au coffret de sûreté.
Le geste d’entraide s’est transformé en vols en série pendant sept ans. Le 9 août 2006, il a retiré 20 000 $ du compte en banque, « 200 bills de 100 piastres », précise Yvon Côté. Le 10 mars 2009, c’est un autre 8400 $ qu’il s’est approprié. Il restait alors un maigre 212 $ dans son compte.
Le coffret de sûreté y passera aussi. L’homme y accède à neuf reprises entre 2004 et 2010, y retirant en tout 40 000 $.
FAMILLE UNIE
La famille n’était pas à couteaux tirés selon Paul Lamontagne. Quand Armand a vendu sa maison près de 100 000 $ en 2004, il a même donné 4000 $ à chacun de ses sept frères et soeurs.
Yvon, lui, pigeait dans le plat de bonbons en se disant que personne ne poserait de question à la mort de son frère. Mais Armand a pris plus de temps que prévu à décéder et a fini par constater qu’on vidait son compte. C’est là qu’il a alerté sa soeur, la mère de Paul Lamontagne, et ce dernier a pris les choses en main.
« Ça peut arriver même dans les bonnes familles », dit celui qui s’est occupé des affaires de son oncle depuis son décès. Les problèmes d’alcool et d’argent font que certains profitent des plus faibles. « Ce sont tous des gens de plus de 70 ans. C’est incroyable tout ça», dit-il.
Le pire, c’est que les héritiers ne devraient pas revoir la couleur de cet argent. De l’aveu même d’yvon Côté, il n’est pas solvable. « C’est une grande déception pour la famille », admet-il.
PERSONNE INDÉPENDANTE
Si son oncle avait nommé une personne indépendante pour s’assurer une fois ou deux par année que l’argent était correctement dépensé, la situation n’aurait pas dégénéré, dit-il. Mais même s’il ne reverra pas la couleur de l’argent volé, Paul Lamontagne est fier de s’être investi dans ce qui est devenu une saga judiciaire. « Je suis satisfait d’avoir défendu mon oncle contre des choses que personne ne devrait subir. »